samedi 17 mars 2018

Veuf éploré que nenni

Retour en Savoie, laissant Aiguebelle sur la grand-route dans la vallée, aux portes de la Maurienne comme on dit actuellement, je prends la direction de Montgilbert pour mon Rendez-vous Ancestral. En 1833 cette paroisse de 600 âmes environ, située à 550 mètres d’altitude,  comprend dix villages, au sens de hameaux à notre époque.
 
La nature se réveille doucement en ce mois de mars, la route monte régulièrement et serpente, à mon rythme je chemine, marque des pauses et cogite pour me remémorer mes données.
 
 
Anne POTI Sosa 89 m’avait suggéré de revenir la voir : depuis la perte de son fils Blaise en 1809, elle s’est retrouvée veuve de Denis GAY-ROSSET Sosa 88 en 1813. Son fils ainé Antoine s’est marié en 1816 avec Antoinette BUET, son fils Thomas envisage de se fiancer avec une jeune fille du village voisin.
 
Il restait  à caser le dernier fils : mon ancêtre « François-Joseph »  de ses prénoms de baptême, dit François GAY-ROSSET Sosa 44 lors de ses deux mariages. Le 7 mars 1832, à 35 ans il s’unit à une dénommée Martine BUET veuve de Pierre François GAY-ROSSET. L’acte fait référence à des empêchements : consanguinité et affinité, tiens donc ! Le latin de cet acte là ne n’inspire pas…
 
Toujours est-il que mon François se retrouve lui-même veuf le premier avril suivant : trois semaines pour une union c’est vraiment très court. Il faut dire que cette Martine BUET a environ 18 ans de plus que lui et décède à l’âge de 56 ans. Curieux mariage, quelles en furent les véritables raisons ? Et pour Anne POTI il fallait retrouver une promise pour son fils cadet.
 
Ouf ce fut chose faite dès le 3 octobre de la même année avec Anne RIVET Sosa 45 une jeunette de 22 printemps, fille d’un laboureur et charpentier, François RIVET Sosa 90 et de Sébastienne Antoinette ANDRE Sosa 91.
 
 
 

Assez de méditation en chemin, voilà deux silhouettes qui se profilent : sûrement mes ancêtres. François m’aide, car je m’entrave dans ma longue jupe, faute d’avoir l’habitude de crapahuter ainsi vêtue. Anne doit remarquer que je suis en cheveux, désolée je n’ai pas de coiffe dans mon armoire.
 
- C’est la Mère qui nous a dit de venir à votre rencontre, elle n’était pas sûre que vous alliez retrouver la maison, il paraît que vous êtes une cousine ?
 
- Enfin d'une certaine manière ! Ce n’est pas la peine d’épiloguer et de me lancer dans des précisions généalogiques. Vous savez je suis très contente de vous rencontrer tous les deux.
 
- Avec moi c’est mon épouse Anne, elle est  bien courageuse pour m’aider dans le travail, je suis cultivateur et il faut tout le temps monter, descendre dans notre beau village, suivant le champ qu’on cultive. Le paysage est beau, mais avec les nivelés, il faut mieux avoir du souffle et des bons mollets.
 
Nous continuons ensemble à monter, silencieux dans nos pensées respectives.
 
En tant que veuf, François remarié à une célibataire, a-t-il subi la coutume du charivari ? Dans sa situation il se devait de dédommager les jeunes garçons célibataires du pays, pour ne pas  trouver le jour du mariage - à la sortie de l’église - un bouc blanc attaché en signe de protestation.  A moins que dans le village, on s’en tienne à la version de répandre de la sciure depuis la maison du marié jusqu’au domicile des filles qu’il a fréquentées, afin dit-on d’éponger les larmes des délaissées…
 
Anne au vu des circonstances avait-elle son trousseau complet ? Draps de chanvre, serviettes, couverture, chemises, cotillons, mouchoirs et les fameuses coiffes ? Un coffre faisait-il partie de la dot ? Et la robe pour le grand jour, combien avait-elle de plis à l’arrière ? Je suis bien ignorante, il faut qu’on m’explique.
 
Enfin nous voilà au seuil de la maison, pour passer un moment avec Anne POTI qui a préparé un repas, instants partagés aussi avec François GAY-ROSSET et Anne RIVET pour faire plus ample connaissance, après avoir refermé la porte.
 
Bien que marié tardivement François aura avec Anne sa jeune épouse 7 enfants nés entre 1834 et 1847 à Montgilbert dont Roch ROSSET Sosa 22 mon ancêtre direct.  Les souvenirs des uns et des autres – enfin leurs traces dans les registres et leurs nouveaux lieux de vie – me donneront l’occasion de poursuivre la découverte de cette branche de mon arbre.

 
Pour retrouver Anne POTI et son fils Blaise ici : Décédé à l'hôpital du séminaire


Sources
AD 73 Montgilbert  3E  2437 1814-1837 vues 101 et 102
Photos Pixabay

 
 

5 commentaires:

  1. Curieux mariage en effet ! Je n'ai jamais eu de mariage entre un jeune homme et une femme beaucoup plus âgé (par contre l'inverse est plus courant).
    Les archives notariales permettraient-elle d'en savoir un peu plus sur les circonstances de ce premier mariage ?

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  2. Très bien écrit, il faudrait réussir à trouver les demandes de dispense pour savoir les raisons du premier mariage.

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  3. Y a t-il des biens à récupérer dans cette union ? Est ce que la Martine avait des enfants ?

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  4. Il est vrai que ce premier mariage interroge ! Il me donnerait envie d'aller farfouiller dans les actes notariés...:) Une bien jolie promenade en Savoie.

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