samedi 9 septembre 2023

L'école des Dinas

Avouons le, on a tous rêvé de découvrir l’école et la salle de classe d’une arrière-grand-mère ou d’un grand-oncle. Avec la mise en ligne sur les Archives Nationales des questionnaires remplis en 1884 par les institutrices et instituteurs sur les écoles primaires publiques, c’est possible. Ne vous en privez pas. 

Tout est répertorié par Département et par cantons de l'époque, il suffit de patience et d'indulgence pour la visionneuse.

J'ai ciblé ma première recherche sur la Drôme et Montmeyran, pour l'école primaire de filles du hameau des Dinas, école qui accueillit Désirée et Nésida Arnoux mes grand-tantes et Mamie Isabelle toute trois filles de Jean Pierre Arnoux et Noémie Lagier. 

AD 26 Montmeyran cadastre 1960

Pour être honnête ma premières approche de cette école s'est déroulée par le truchement d'un rendez-vous ancestral imaginaire en 1896 où j'ai assisté à la classe de l'époque : l'alphabet d'Isabelle. 

Cette fois-ci, le rapport officiel de Mademoiselle Marie Louise Garaix institutrice en 1884 me donne l'occasion d'entrer dans son école et de découvrir les conditions d'accueil des enfants. 

Soigneusement j'ai recopié sur une ardoise imaginaire l'essentiel des réponses, cliquez donc sur les visuels pour les découvrir. 








La dépense est le local où l'on dépose les provisions, synonyme de débarras, et le galetas est synonyme de grenier. 

La section de 762 habitants doit regrouper plusieurs hameaux situés à l'est de la commune, outre les Dinas, les Rorivas, les Dorelons, le Mourayer par exemple.

A la tête d'une troupe de plus de 45 filles, Melle Garaix l'institutrice a besoin d'être organisée entre occuper et initier les toutes petites à la lecture, l'écriture et au calcul, et préparer les grandes au certificat d'études primaire. L'année du questionnaire Désirée Arnoux  âgée de 9 ans est scolarisée dans sa classe et peut-être Nésida âgée de 5 ans. 

Marie-Louise Garaix, protestante, née le 21 mai 1820 à Dieulefit dans la Drôme, a enseigné à l'école des Dinas de Montmeyran depuis 1856 d'après les recensements, où parfois une ou deux pensionnaires sont mentionnées. Elle prend sa retraite le 1er octobre 1887 après 27 ans et 9 mois de services, restée sur la commune elle s'éteint à son domicile, place du Temple, le 4 novembre 1895, entourée de deux neveux négociants.

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Isabelle Arnoux mon aïeule, scolarisée à cette école des Dinas vers 1893, a comme institutrice Mademoiselle Amandine Cécile Cornélie Bachasse. Cette dernière, fille d'instituteur, naît à Saint-Roman le 2 novembre 1848, reste aussi à Montmeyran une fois sa retraite prise, où elle décède à 97 ans le 13 février 1945.

Melle Bachasse était la fondatrice de l'association amicale des anciennes élèves des écoles primaires publiques et fut nommée Officier de l'Instruction Publique en janvier 1913.

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Voici mon petit tour à l'école de filles des Dinas, à la rencontre de ses premières institutrices, il existe aussi l'école des Dinas, dite également des Rorivas, pour les garçons avec une classe, sans oublier les écoles publiques primaires du village avec quatre classes en 1884. 

Allez soyez curieuses et curieux et farfouillez dans les questionnaires de 1884.


Sources 
Archives Nationales 
AD 26 Montmeyran EC et recensements
AD 26 Saint-Roman EC
Gallica JO 1887 et JO 20 janvier 1913

Pour aller plus loin 

samedi 2 septembre 2023

L'école avant Jules

L’école avant Jules - sous-entendu Jules Ferry - 
c’est l’école de François Guizot ministre de l’instruction publique dans une loi votée en 1833 sous la Monarchie de Juillet,
et c’est aussi l’école d’Alfred de Falloux en 1860 sous le second Empire 

L'instruction n'est ni obligatoire ni gratuite. Cependant, un comité communal a la responsabilité de s'assurer « qu’il a été pourvu à l’enseignement gratuit des enfants pauvres. » soit un sur trois environ. Cette école est réservée aux garçons et oui ! 
Puis elle est étendue aux filles par l’ordonnance de 1836. 



Cette instruction primaire élémentaire comprend nécessairement l’instruction morale et religieuse, la lecture, l’écriture, les éléments de la langue française et du calcul, le système légal des poids et mesures. 

Si dès 1833, toute commune - de plus de 500 habitants - a l’obligation de financer une école de garçons, ce n’est qu’en 1850 et 1867 que cette obligation est étendue à une école de filles selon que la commune comporte 800 ou 500 habitants.

Le cadre ainsi posé, allez en route pour la Drôme : j’imagine la lecture attentive de deux instituteurs de Montmeyran et Upie, communes où j'ai des ancêtres, et leur nez plongé dans le rapport de 1856 du Préfet au Conseil Général du Département du Rhône. 

De ce rapport établi sous le Second Empire, je vous propose une modeste mise en lumière d’éléments chiffrés sur les enfants scolarisés.  Cliquez sur les visuels pour les agrandir.



A noter que le traitement moyen des instituteurs laïcs est de 666 francs environs et celui des frères est de 500 francs. 
Certaines écoles accueillent les enfants du culte catholique, d'autres reçoivent des enfants du culte protestant et enfin d'autres écoles acceptent les enfants des deux cultes. 
Ecoles tantôt réservées aux garçons, tantôt aux filles ou ouvertes à l'ensemble des enfants. 



A cette même époque, les états dressés pour la formation des contingents de l'armée indiquent que près d'un tiers des gars de 20 ans ne savent ni lire ni écrire dans la Drôme .


Ah si l'école était obligatoire et gratuite se disaient peut-être mes instituteurs de Montmeyran ou d'Upie, le niveau d'instruction s'améliorerait, pour cela il faudra attendre les lois du ministre Jules Ferry en 1881 et 1882.

Quant à mes ancêtres adultes en 1855 dans la Drôme, si Pierre Arnoux et Daniel Lagier cultivateurs savaient signer, il n'en était pas de même de leurs épouses respectives Catherine Clément et Elisabeth Métifiot.

Dans l'Aisne, Jean-Baptiste Mercier et Catherine Lefort enfant naturelle signaient tous les deux, bien que de condition modeste, tout comme Rosalie Ernestine Brugnon et Jean Joseph Lescouet lui brigadier-forestier. 

Clap de ce tour d'horizon partiel, en vous suggérant de dénicher des éléments dans les documents en ligne sur les écoles et l'enseignement dans les départements de vos ancêtres. 



N.B les salles d'asiles, au départ, sont créées en milieu urbain pour les enfants d'ouvrières sous les auspices d'œuvres de bienfaisance 

Source 
Gallica : Annuaire du Département de la Drôme 1857
Visuels faits avec Canva