mercredi 13 juillet 2022

Une histoire de lacets

Associer la généalogie et le tour de France, Geneatech  a osé, et suggère comme défi un billet en rapport avec une étape de la grande boucle. Sacrebleu je suis piégée car la caravane de cyclistes passe en Savoie.

Le 13 juillet, les forcenés de la « petite reine », après Pontamafrey, vont galérer pour gravir les 18 kilomètres et autant de petits lacets accrochés à la montagne. Les pentes de la route, construite vers 1930, oscillent entre 7 et 9 %, pour déboucher sur Montvernier, village situé sur un plateau vers 800 mètres d’altitude.

Montvernier © Delcampe
Petit tour de machine à remonter le temps au pays de mes ancêtres, ces derniers, tout au plus, ont pratiqué le chemin muletier préexistant.

En ce mardi 25 mars 1755, on s’agite dans la maison Deschamps près de l’église de Montvernier, le grand-père Joseph feu Jean-Louis Deschamps s’apprête à établir son petit-fils Jean-François enfant de son regretté fils Claude.

Il convient de prendre la route pour Hermillon, paroisse de la promise, les plus jeunes vont caler leur rythme de marche sur le plus âgé, 77 printemps tout de même, une bonne heure de temps sous un ciel dégagé, un air vif avec des plaques de neige dans les champs et sur les sommets.

Avec les trois témoins – dont un autre de mes ancêtres Joseph feu Michel Deschamps – tout au long du trajet, le grand-père va pouvoir réviser les clauses du contrat dotal.

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Simultanément au logis d’Hermillon près de l’église, Louis Arbessier, aidé de son épouse Benoîte Durieu, s’apprête à recevoir le notaire Maître Simon Joseph Dupré qui se déplace depuis Saint-Jean de Maurienne, accompagné du Sieur Dominique Deschamps bourgeois de la Cité et témoin.

Au fait, la future Marie Arbessier, est telle éprise ou pas de son futur Jean-François de son petit nom ? Comment voulez-vous que je sache, pas plus si ses parents ont offert une collation à tous les acteurs du contrat !

Le très pointilleux et précis notaire Dupré stipule que le contrat dotal intervient, l’après-midi du 25 mars 1755, et entérine les promesses verbalement contractées, avec les ritournelles habituelles et redondantes, mentionne que les promis devront se présenter en face de l’église pour la bénédiction nuptiale.

Jean-François Deschamps intervient avec l’assistance et autorisation de son grand-père et Louis Arbessier pour être agréable à sa fille lui constitue une dot.

Marie Arbessier mon ancêtre apporte le legs d’un feu oncle, soit une somme de 60 livres et, d’une valeur de 140 livres, une pièce de vigne située sur la paroisse voisine en contre-bas, et apporte aussi d’une feue tante une pièce de terre et une pièce de vigne.

En espèces sonnantes et trébuchantes, pour que Marie puisse contribuer aux charges du mariage, Louis Arbessier promet de payer 400 livres, à savoir 200 livres dans une année sans intérêts, les 200 livres dans deux années prochaines aussi sans intérêts,

Dans le trossel de la belle, on trouve pêle-mêle une vache estimée 35 livres, deux brebis estimées à 3 livres chacune, un coffre de bois blanc fermant à clé contenant tous les effets d’une valeur estimée à 207 livres.

Je vous épargne l’énumération des effets en partie neufs, ou mi-usés, mais souligne 20 chemises, 18 tabliers de bon drap, sans compter 4 douzaines de coiffes de toile de Cambrai, 7 mouchoirs de soie, et 9 autres mouchoirs d’indienne, sûrement achetés à la ville voisine. 

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Quant à Jean-François Deschamps, selon les coutumes de Savoie, faute de fonds personnels, pour son augment accorde à sa future en propre, le quart des droits sur les biens qu’elle apporte, réversibles sur ses enfants. C’est un peu tortueux, mais son père est décédé et le grand-père est encore en vie !

Ce qui est plus simple à saisir, c’est que le futur offre des habits nuptiaux neufs à sa future : une robe de gros drap avec un corps et des manches de serge, deux coiffes avec leurs dentelles, un mouchoir de soie, un tablier et des bas de bon drap et une paire de souliers,

Parmi les signatures recueillies par le notaire royal se trouvent celles du futur, ses cousins Deschamps, le jeune frère de la future.

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Restera à chacun de retourner dans ses foyers, restera à charger sur un mulet le coffre avec le trousseau, sans oublier de faire suivre la vache et les brebis pour le village de Montvernier le moment venu, où Marie s’installera avec le clan Deschamps dans ce coin de Maurienne.

Mes tourtereaux convoleront le mardi 15 avril 1755, en présence de leurs proches, en témoignent dans le registre paroissial, juste deux petites lignes fort mal écrites par le curé de Montvernier, avec comme témoin le curé d’Hermillon.

Un nouveau et jeune couple de 20 ans, une nouvelle vie pour Marie et Jean-François, une première approche de ma dynastie Deschamps. 

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Retrouver cette famille 



Sources 
AD 73 BMS Montvernier 
AD 73 Tabellion St-Jean de Maurienne 1755 2C 2567 vue 266
Relevé Maurienne-Généalogie
Généanet arbre pseudo montvernier