mardi 23 février 2021

Valse à 4 temps pour un anniversaire

Valse à 3 temps, valse à 4 temps. 
Couronne champêtre de pissenlits pour un anniversaire.
Ce jour, le blog franchit le cap de 4 années avec 93 petits pas à son actif.
93 billets cahin-caha avec les ancêtres de ma ronde.
Tentée, incitée, entraînée, l’aventure de la ronde a démarré le 23 février 2017 !



Merci à tous mes lecteurs connus ou discrets, fidèles ou passagers, avec ou sans message : autant de signes d’encouragement.

J’ai tenté de sortir des ombres du passé de l’oubli sur les terres de l’Aisne, de la Drôme et de la Savoie, en poursuivant mes recherches débutées seulement en mai 2013.

Boostée par les idées des uns et des autres, je suis partie à la recherche des ancêtres de l'année en 2019 et 2020 du côté maternel et loin dans le temps, j’ai fait parler une carte postale, farfouillé dans des délibérations communales, relevé le défi Napoléon (pas moins !) pour un collatéral fait prisonnier à Feistritz. 

J’ai aussi passé tout un mois de confinement avec François-Benjamin Eard un savoyard au fil d’un généathème pour cerner son fil de vie et son environnement, je me suis aussi interrogée sur le savoir-faire du métier de bâtier.

Je suis entrée dans l’intimité d’une famille lors de l’inventaire après décès d’André Durieu-Trolliet, de même en Savoie des contrats de mariages m’ont permis de consolider des filiations et de me délecter du détail du trousseau de la mariée.

Malicieuse, infernale, accueillante ou mystérieuse ronde, voire sournoise, je fais avec et continue l’aventure !

Piégée et kidnappée par mes aïeux, puisqu’il y aurait 1001 manières de présenter sa généalogie et autant d’outils numériques pour la réveiller et s'organiser, je poursuis mes rencontres avec le petit monde de mon arbre.

Dans ma besace, des petits papiers avec des idées, des envies. 



samedi 20 février 2021

Résoudre l'épine d'Anne Poty

Il n’y pas de problèmes mais que des solutions, m’assène Anne Poty sosa 89, ma lointaine grand-mère, puisque tu as bien fait une découverte sur ma famille grâce aux archives de Savoie, sur ton devoir de Geneatech, ce n’est pas écrit en présentiel comme vous dites depuis l’an 2020.

Anne, ma chère épine, j’ai bien franchi un portail, circulé entre les rayonnages des dépôts du Tabellion, ouvert les registres remplis d’actes notariés, virtuellement seul mode communicable pour les documents de votre époque, et aujourd’hui je remonte le temps pour vous rencontrer à nouveau.

Alors raconte-moi tes trouvailles, puisque tu es une de mes descendantes.

Mon interlocutrice, bonne septuagénaire, aux yeux gris, m’accueille à Montgilbert en Savoie, terre du roi de Piémont-Sardaigne en 1833 : elle est veuve de Denis Gay-Rosset sosa 88, feu François qui étaient cultivateurs.


Photo Pixabay 
Je vous connaissais en tant qu’épouse, mère de 4 fils :Thomas laboureur qui fut enrôlé dans l’armée napoléonienne, soigné à l’hôpital d’Udine et revint au pays, Blaise à peine incorporé décéda à l’hôpital du Séminaire, ensuite Antoine, et enfin votre fils François mon ancêtre qui se maria deux fois en 1832 dont avec Anne Rivet.

Tardivement je découvrais le nom de votre père Jacques, mais votre acte de mariage m’échappant je butais sur vos origines.

Bon, bon, venons au fait !

Je me doutais que vous veniez d’un autre village, hésitais à éplucher les registres paroissiaux d’alentour, optais pour les registres du Tabellion d’Aiguebelle où les notaires avaient l’obligation de déposer les copies de leurs actes et de s’acquitter des droits d’enregistrement.

Sur la piste d’un contrat de mariage, je ciblais deux-trois années et ratissais les répertoires des registres et – cris de victoire - lorsque je dénichais une quittance au nom de votre père Jacques Poty de Saint-Georges d’Hurtières de la part de François Gay-Rosset votre beau-père.

AD 73 Tabellion extrait de quittance

Oh que tout cela est loin murmure mon ancêtre, un tantinet nostalgique.

Merveilleuse quittance du 17 avril 1787 dont je ne résiste pas à lire le début à Anne mon ancêtre « Honnête François Gay-Rosset à feu Jacques, natif et demeurant à la paroisse Montgilbert, lequel de son plein gré en qualité de père et légitime administrateur de Denis Rosset son fils, icelui en qualité de mari et constitutaire de ladite Anne Poty sa femme, ainsi que par acte du 17 mai 1785 reçu par Brunier notaire, déclare d’avoir reçu de Honnête Jacques à feu Vital Poty natif de la paroisse de Boisset en Forez et de Jean Pierre à feu Jean Claude Nambollet natif de la paroisse de ??? en Alsace française et tous deux habitant la paroisse de St Georges d’Hurtières ….. ».

Stupeur, sans tremblements, voilà de nouvelles origines ! voilà la référence du contrat ! Qui est ce Jean-Pierre Nambollet ?

Et le brave notaire de Saint Alban des Hurtières de décrire la scène de la remise de la monnaie sonnante et trébuchante dans ce lieu de Savoie :
« Savoir dudit Poty la somme de cent cinquante livres que ce dernier a présentement compté en nombre écus neufs de France valeur de dernier édit et le surplus en bonne monnaie, et dudit Nambollet celle de cent livres qu’il a de même compté et nombré en vingt-neuf écus de France suivant la valeur du dernier édit et le surplus de même en bonne monnaie, lesquelles sommes vérifiées retirées et emboursées par ledit François Rosset devant moi notaire et témoins … »

Dans un soupir, énonce Anne Poty : je ne me souvenais pas trop de cela…
Et le contrat tu l’as déniché ma petite ?

Bien sûr, avec impatience je suis allée ouvrir le registre à la date du 17 mai 1785 d’autant que vous Anne et Denis votre futur étaient les protagonistes principaux.


AD 73 Tabellion extrait contrat de mariage
Là le notaire qualifie toutes les personnes d’Honorable, l’aspect financier s’éclaire Jacques Poty feu Vital constitue une dot de 150 livres pour sa fille, et Jean-Pierre Nambollet feu Jean Claude constitue une dot de 100 livres pour sa nièce. Le père et l’oncle deux intervenants qui savent signer.

A ce stade Anne Poty votre ascendance sortait des brumes : un père, un grand-père, un oncle tous originaires du Royaume de France.

Dans tes papiers ma petite le trossel était bien précisé ?

Oui, le notaire détaille : « 5 douzaines de coiffes grandes et petites, la moitié de bonne valeur, la moitié mi-usées, 15 chemises de toiles mêlées soit 8 neuves et 7 mi-usées, 7 tabliers de coton de marchand et d’indienne de bonne valeur, 6 autres tabliers journaliers de fil et laine 4 neufs et mi-usés … »

Vous savez Anne je réalise ma chance d’avoir des éléments tangibles venus du passé. Il faudrait m’expliquer les différences entre les paires de manches en ratine et les corps de manches en serge ou droguet.

Une de vos robes était en serge de Valence, l’autre en ratine, vos jupons étaient de toile de drap ou de coton de marchand ou de fil et laine. Vous aviez des paires de bas en laine ou de coton ainsi qu’une paire de souliers, des serviettes à la Venise. Votre oncle vous avez offert des draps de toile mêlée.

Allez, je n’oublie pas le coffre de noyer neuf fermant à clé, mais je ne voudrais pas vous ennuyer avec cette énumération ou vous fatiguer.

Pas du tout, rappelle-moi le jour de la bénédiction nuptiale dans mon village natal Saint-Georges d’Hurtières.

Oh, peu temps après le contrat, vous avez épousé Denis Gay-Rosset le mercredi 1er juin 1785, lui n’avait pas encore 19 ans, et vous aviez encore 29 printemps.


AD 73 Montgilbert baptême 
Rappelle-moi aussi l’année de mon baptême, tant de temps a coulé depuis.

Anne, votre baptême est inscrit au 19 octobre 1755 du registre paroissial de Saint-Georges d’Hurtières, fille de Jacques Poty et de Martine Bonfand, vous aviez pour parrain Jean Cordier originaire de Boisset diocèse du Puy en France, et pour marraine Anne Bonfand.

Martine Bonfand votre mère avait une sœur Anne votre marraine, et aussi une sœur Françoise l’épouse de Jean-Pierre Nambollet l’oncle qui a complété votre dot : fil renoué après d’autres recherches.

Anne vous n’êtes plus une épine généalogie, mais vous me restez chère, si peu de distance séparent Saint-Georges d’Hurtières et Montgilbert vos deux lieux de vie, il en est autrement pour Jacques Poty votre père dont la vie s’écoula entre le Forez et les Hurtières.

Au programme s’imposent le fil de vie de Jacques Poty et celui des proches de son épouse.

Se perdre dans les archives, avoir des réponses et d’autres questions, éternelles recherches captivantes, étonnantes : et je me déniche des racines dans l’ancien comté du Forez qui fut rattaché à la Généralité de Lyon.

Pages d’histoire à réviser, pages de vies en attente.


Pour retrouver Anne Poty et les siens 




Sources
AD 73 Montgilbert BMS
AD 73 Tabellion Aiguebelle 1787 2C 2185 folio 315
et 1785 2C 2182 folio 437
Mémoire des Hommes FM Thomas Poty 





samedi 13 février 2021

Mariage de raison ou d'inclination

Parlez-mois d’amour, dites-moi chers ancêtres le fond de votre cœur, c’est peu ou prou le thème du second défi d’écriture de Geneatch en cette semaine de Saint-Valentin. Transmission de secrets de famille, aucun : que d’interrogations malgré mes prières muettes aux unes et aux autres !

Allez en piste, je vous fais part de la déclinaison de mes impressions sur les unions de mes aïeux, enfin certaines.

Raison en 1698, lorsque Marguerite Claraz orpheline s’allie avec Antoine Gay-Rosset et acceptation pour ce dernier, son oncle Messire Louis Claraz chanoine à Aiguebelle en Savoie s’est préoccupé de son établissement, n’a-t-elle pas 1100 florins dans sa dot ?

Acceptation voire inclination pour Marie Ratel qui a plusieurs robes dans son trousseau  - mais pas trop de florins - lorsqu’elle épouse en 1711 Jean-Baptiste Parmier un jeune veuf, sans enfant, bâtier de son état. Elle n’aura pas de belle-mère à supporter mais un beau-père à servir outre son conjoint.


Image Pixabay
Invocation en Savoie de Saint Blaise guérisseur des maux de gorge, par les filles en quête d’un mari : « un mari s’il vous plaît, qu’il soit tordu, qu’il soit bossu, c’est tout pareil un monsieur et il m’en a donné un ! » pour avoir une position de femme mariée et pas délaissée, sous la pression de la communauté paroissiale.

Ou libation de vin bénit le 3 février à Montmélian par les garçons et filles pour se marier dans l’année.

Toujours en Savoie, au décès en 1702 d’André Durieu-Trolliet, la vie continua pour Jeanne Montaz-Rosset, émancipation pour cette veuve somme toute, elle mena sa barque, éleva ses enfants et géra ses biens.

Et si pour sa fille Benoîte Durieu mariée avec Louis Arbessier en 1721, on pouvait parler d’association, celui-ci ne prend-t-il pas toutes dispositions au cas où,  en homme organisé.

***

Du côté de l’Aisne, à Barisis obligation pour Antoine Mercier clerc laïc qui a trouvé du boulot et épouse en même temps la fille de l’ancien maître d’école, puis a priori inclination avec la jeunette Marie-Marguerite Barbançon  lorsqu'il convole  en 1738.

Pour Marie-Catherine Rossignol, veuve de Charles Tellier, hésitation et obligation en 1744 car Jacques Bleuet l'avait consolée de trop près, trahie par son fil de vie.

Séduction ou admiration réciproque de Jean-Baptiste Marlot charron et Marie-Barbe Daubenton la fille du garde-vente, couple dont je n’ai pas encore parlé ; lors de la déclaration de décès de son épouse bien que cité il oublie de signer, lui dont j’ai pisté moult fois le paraphe dans le registre paroissial.

***

Que dire, que penser des tractations pour les mariages dits « double » d’un frère et une sœur d’une famille avec une sœur et un frère d’une autre famille, pas de sous à verser ou de legs de parcelle, seulement le trousseau à constituer pour les donzelles.

Que penser de mon aïeule Catherine Replat qui à Modane en Savoie, veuve de Claude Replat, épouse en 1725 Charles Replat le neveu, ce que ne dit pas l’acte de mariage, le contrat de mariage le dévoile : tractations et obligation au menu.

Consolation rapide ou obligation pour les veufs avec de jeunes enfants, qui 20 ou 40 jours après l’ensevelissement de la jeune mère, convolent à nouveau devant le curé de la paroisse. C’est peut-être lui qui a suggéré de marier la - pas toute jeune Claudie- ou la -pas trop vieille Jeannette veuve- pour les sortir de l’ornière avec les gamins et le travail.

Tractations aussi pour l’étrange mariage de François Rosset en 1831 avec Martine Buet veuve d’un cousin, qui le laisse seul 3 semaines plus tard, et pas vraiment éploré  puisqu’il convole à nouveau la même année avec Anne Rivet avec inclination cette fois, espérons-le !


Rassurez-vous ils n’étaient pas de bois mes ancêtres ! au grand dam et épouvantable souci des prêtres : le problème des processions pour éviter les débordements : placer les jeunes filles en tête, les épouses ensuite, et la gent masculine enfin.


Autre hantise des prêtres en montagne, les occasions pour se rencontrer avec l’inalpage l’été où les contraintes sociales se relâchaient et diminuaient la surveillance des adultes, les travaux en commun, les longues soirées étoilées favorables aux simples amourettes « berger-bergère » préparant des fiançailles officielles ou relations pré-nuptiales.

Prêtres qui craignaient aussi les veillées hivernales où les parents trop pris par leur propre bavardage se préoccupaient moins de leur progéniture, celle-ci chantant, batifolant, voire profitant d’une chandelle éteinte par un courant d’air : baisers volés ou un peu plus !

Lorsque séduction, pâmoison ou affinités ; il fallait que le courageux séducteur, flanqué d’un ami, se présente un soir à la maison familiale de la belle, et gare si le père levait un tison du feu en le dressant dans la cheminée, qui signifiait un refus d’agrément. Un qui franchit ce cap fut François-Benjamin Eard puisqu’il épousa Marie-Marguerite Long en 1821 à Modane. 

***

Pour la conjugaison d’une opposition doublée d’une rébellion en Savoie, voyez du côté d’un père prudent et d'une fille courageuse, aventure véridique sortie d’une revue savante de Maurienne concernant des collatéraux cette fois.

Juste quelques réflexions, pas d’enquête exhaustive de satisfaction : parlez-moi d’amour.
Etes-vous livré à ce genre de méditation ?




samedi 6 février 2021

Les malheurs de la servante du curé

J'ai choisi un titre un tantinet accrocheur pour répondre à l'invitation de Geneatech  et vous parler d'une source moins connue en généalogie : les revues des sociétés savantes. 

Au début de mon addiction, grâce à Gallica la bibliothèque numérique, je me suis mise à fréquenter la presse et les revues, et particulièrement les revues des sociétés savantes : classées par région, puis par département. 

Pour l’Aisne et la Drôme, ce type de revues m’a permis de glaner des éléments sur les régions occupées par mes ancêtres et tenter d’approcher leur quotidien en lien avec l’histoire locale.

Pour la Savoie, 5 sociétés savantes sont au rendez-vous, dont la Société d’Histoire et d’Archéologie de la Maurienne : la SHAM toujours vaillante en 2021 depuis sa création en 1856 avec moultes travaux.

Aujourd’hui un texte de l’Académie des Sciences Belles Lettres et Arts de Savoie s’imposait, cette Académie, toujours en exercice, a publié en 1915 la Maurienne pendant la Révolution du Chanoine Adolphe Gros.

***

C’est ainsi que dans la série caractère trempé - sur fond de dénonciation en période révolutionnaire troublée - je vous présente les malheurs de Marie-Antoinette Richard servante du curé de Montgilbert petite paroisse de Savoie au début de la vallée de la Maurienne, paroisse où vivaient mes ancêtres.

Elle était la servante du révérend Saturnin Chaix, prêtre qui préféra prendre le chemin de l’exil en Piémont le 7 avril 1793, pour ne pas prêter le serment d’allégeance à la République exigée des ecclésiastiques, épisode relaté dans le billet Epoque remarquable pour Saturnin Chaix .
     
Gallica


« L’incarcération de Marie-Antoinette Richard, servante de Saturnin Chaix, chanoine d’Aiguebelle et curé de Montgilbert mérite d’être racontée avec des détails.

Après le départ du curé, elle avait continué à habiter le presbytère « de l’avis du maire qui lui avait dit de rester parce que la cure se trouverait mieux d’être habitée que fermée ».

Le 31 octobre 1793, sur dénonciation de Pierre André dit Polaillon, officier municipal de Montgilbert, le citoyen Sébastien Ferley, dépositaire de la force armée dite garde nationale du canton, se rend, accompagné de quatre gardes nationaux, au presbytère de Montgilbert pour procéder à l’arrestation d’Antoinette Richard.

Après s’être copieusement fait servir à boire, ils se saisissent de la pauvre femme à 9 heures du soir « sans lui permettre de prendre des bas et à moitié vêtue ». Comme elle était malade de la fièvre, la surprise et la frayeur la firent s’évanouir. Elle ne reprit connaissance qu’à Aiguebelle, d’où elle fut conduite, la même nuit, à Chambéry.

Elle était accusée de « fanatiser les femmes de Montgilbert en leur empêchant même d’assister à la messe des prêtres assermentés », en disant même que la plupart des officiers municipaux étaient pour elle ».

Mais la véritable raison de son arrestation, c’est que Pierre André, son dénonciateur, lui en voulait parce qu’elle lui réclamait le remboursement de 200 livres prêtées le mois de mai précédent. Il en était en outre fâché de ce que le maire n’avait pas voulu le laisser habiter la cure et avait donné sa préférence à la servante du curé.

Le 6 décembre, le Conseil Général du département, considérant que « les pièces ne contiennent aucun indice de fanatisme » arrête qu’Antoinette Richard sera provisoirement traduite dans la maison d’arrêt du district de Saint Jean de Maurienne, et les pièces transmises au juge d’Aiguebelle.

Elle fut rendue à la liberté par sentence du tribunal du district le 9 janvier 1794.

***

Quand elle rentra à Montgilbert, elle apprit que tous ses effets, linges, habillements, nippes, avec l’argent qui se trouvait dans un coffre avaient été dérobés.

Parmi les objets dérobés, il y avait une somme de 600 livres du Piémont, une pistole de 24 livres, 3 louis d’or, une demi-pistole de 12 livres, le surplus en écus de 5 et 3 livres et en menue monnaie, une croix d’or à grille et une croix d’argent à bouton.

Antoinette Richard était une femme de tête. Elle porta plainte, devant Hector Bernier, juge de paix d’Aiguebelle, contre Pierre André dit Polaillon, chez qui des témoins avaient vu plusieurs des meubles volés, ainsi que contre Claude Gay-Rosset, qu’une personne avait vu boire et manger à la cure en compagnie dudit André.

Le 27 juin elle demanda qu’André et Ferley « ses dénonciateurs et persécuteurs » fussent tenus de lui représenter les objets volés « parce que dans le cas qu’ils n’en aient pas nantis eux-mêmes, ils doivent être considérés comme responsables » car en procédant à son arrestation, ils devaient faire mettre ces objets en lieu de sûreté après en avoir fait prendre inventaire.

Par jugement du 8 novembre 1794 le tribunal de district condamna Ferley à la représentation des objets volés, et mis hors de cause André tenu néanmoins à payer la moitié des frais. »

***

Pépite d’une chronique villageoise dans le Département du Mont-Blanc, je ne sais si les objets volés furent restitués à la servante procédurière et courageuse, son dénonciateur André dit Pollaillon d’après les arbres en ligne est originaire d’un autre village. S’agissant de Claude Gay-Rosset, vu à la cure buvant et mangeant, il est sûrement un de mes collatéral ! Marie Antoinette Richard retrouva le prêtre Saturnin Chaix, tout comme les autres paroissiens, lorsqu'il rentra en 1802 après la signature du concordat entre la France et le Pape.

De précieux articles de revues de sociétés savantes illustrent des pans de vies, d’incidents, de larcins, ou de réactions à des changements de régime; ils étoffent nos recherches généalogiques, se cachent, ne nous parlent pas forcément au premier abord, et un déclic peut intervenir ultérieurement. 


Un billet inspiré d'une revue savante





Sources 
Gallica entrée ciblée Gallica Revues Savantes
Gallica Revue Académie des Sciences Belles Lettres et Arts de la Savoie
année 1915 entrée ciblée La Maurienne pendant la Révolution

les Sites 
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