samedi 18 décembre 2021

Marie Hidron à demi-mot

Etonnement et perplexité dans le registre d’Ambleny, une paroisse du Soissonnais, lorsqu’au milieu des actes de l’an 1653 est transcrit un acte de baptême de l'an 1630, et pas n'importe quel acte, celui d'un de mes ancêtres. 

« Hubert Hidron fut baptisé en la paroisse d’Olie par Monsieur l’Evesque, curé dudit lieu, et son père s’appelait Anthoine Hidron et sa mère Barbe Chartret, son parrain Hubert Bourgeois et sa marraine Catherine Maturet, le 10 mars 1630, ainsi qu’il appert par l’extrait du registre des baptêmes. »

Voilà une mention qui me révèle les noms de deux aïeux supplémentaires et une naissance dans une paroisse voisine, à 23 ans de décalage, la trace d’Hubert à Ambleny.

Gallica extrait carte de Cassini 

Pourquoi cette transcription à ce moment-là ; à trop supputer j’ai l’étrange impression d’être dans la sacristie de l’église : une table bancale, une chandelle qui se consume, une silhouette qui s’esquive, celle du vicaire ou du prêtre ?

Hubert Hidron, je vous retrouve seulement en 1677, lorsqu’avec Barbe Boilleau, vous accueillez à votre foyer Marie votre fille, avant de vous éteindre 5 années plus tard. Ombre furtive et silencieuse, je ne sais rien d’autre de vous Hubert hormis quelques lignes sur un registre paroissial.

Registre tant feuilleté, lecture laissée en suspens vers 1750.

Des pas, mes pas, résonnent sur les dalles de la nef de l’église d’Ambleny, par la pensée je retrouve ce lieu consacré. Une femme agenouillée se recueille, se relève ses prières achevées, s’assoie sur le banc, me regarde, un geste m’incite à m’installer à ses côtés. S’en suit un échange à demi-mot.

Ma petite Marie Hidron, héroïne de mon premier rendez-vous ancestral au pied du donjon d'Ambleny, depuis 4 ans j’ai étoffé votre entourage.

Veuve, Barbe Boilleau votre mère, s’est remariée avec Antoine Cottin, greffier de la justice, l’acte était peut-être dans les pages lacunaires de 1683 à 1685 d’Ambleny, à moins que la cérémonie ne soit intervenue dans la paroisse voisine de Saint-Bandry.

Barbe votre mère s’éteint lorsque vous avez quinze ans un triste jour de février 1692, et Antoine Cottin votre beau-père se remarie 2 mois après avec Marie Ruin, et aussi en 1694 avec Jeanne Bonduelle.

Que dois-je penser pour ce petit enfant dit d’Antoine Cottin - sans prénom mentionné par le prêtre paresseux - et enterré un 24 décembre 1692, qui était sa mère : Barbe ou Marie Ruin ?

AD 02 Ambleny 1689 baptême 

Surprise à vous trouver marraine en 1689 et 1690, 12 et 13 ans à peine, et déjà une signature bien affirmée que vous conserverez : je suis fière de vous Marie. Il est vrai que dans le village existe une école où le maître enseigne, tant le matin que l’après-midi, la lecture, le calcul et l’écriture, sans oublier le catéchisme. Le maître conduit aussi les enfants à la messe le dimanche et les jours fériés.

Bon, Antoine Cottin votre beau-père vous déniche, assez vite, un mari Jean Mercier fils de Jean Mercier et Suzanne Grau, votre union de 1695 je l’ai déjà évoquée. A Jean, manouvrier, vous donnez 7 enfants, et êtes veuve hélas en 1718 avec les cadets Jean et Antoine.

Ma petite Marie, vous avez la présence de beaux-frères et de leurs épouses pour vous soutenir, jusqu’au jour où vous unissez votre solitude avec Antoine Tordeux, veuf et vigneron, ce dernier vous laisse cheminer seule à nouveau en 1729.

Sur Ambleny, il y a 20 arpents de vignes, autant de bois, 5 arpents de marais, et surtout 100 arpents de prés, sur lesquels sont semés du froment, du méteil et du seigle grâce à 17 charrues.

Juste une confidence ma petite Marie, notre première rencontre, ancrée dans ma mémoire, est votre présence lors du mariage d’Antoine Mercier votre petit dernier, en 1736 à Barisis aux Bois, où il allait démarrer ses fonctions de clerc laïc.

AD 02 Barisis 1737 inhumation enfant Mercier 

Présente vous l’étiez aussi, lors de l’inhumation d’un petit enfant, où vous avez témoigné que la sage-femme avait eu le temps d’ondoyer l’enfant à la naissance, et signé l’acte tout comme votre jeune fils.

Autre confidence, votre cadet Antoine est un de mes ancêtres préféré, tout comme son fils Antoine qui vécut entre 1745 et 1817 à Barisis aux Bois. Avec vous, avec eux, j’ai partagé leurs joies, leurs peines, et vu cette présence d’âmes anciennes comme un signe d’espérance.


                                           
Retrouver Marie et Antoine  



Sources 
AD 02 Ambleny et Barisis aux Bois 
Pour Ambleny précieux relevés du site de


vendredi 10 décembre 2021

Une frise pour Marie Jonquoy


Chic le généathème de décembre de Geneatech  me permet d’évoquer une des Marie de mon arbre. Marie Jonquoy a ma faveur, c’est l’épouse de Louis Liénard salpêtrier, métier récemment mis en valeur. ICI

Toi lointaine Marie, petite feuille en haut d’une branche de Barisis aux Bois - dans le département de l’Aisne actuellement - tu pousses ton premier cri le 27 février 1693 et reçoit le baptême, âgée de 3 jours, avec pour parrain Jean-Baptiste Janssenne greffier, tandis que ta marraine se nomme Marie Pelletier. Tu es la 4ème à naître au sein du foyer de Jean Jonquoy et Marie Rondelle qui auront 10 enfants.

Le métier de ton père n’est inconnu, peut être en lien avec la forêt qui ceinture la paroisse, il est présent au remariage en 1732 de ta sœur Marguerite la seule dont un fil de vie s’esquisse.

L’hiver de ta naissance est rude, suivi d’un printemps et d’un été pluvieux, la famine s’installe dans le royaume, et trop de guerres sont menées par le monarque absolu Louis XIV.

Frise papier peint Gallica

Toi vaillant Louis Liénard tu as déjà 9 ans, car né et baptisé un jour d’hiver le 26 décembre 1684. Tu es la 4ème pousse au sein du foyer de Pierre Liénard et Suzanne Haye partie trop tôt, décédée aux carrières de Lentillières, tout comme ton frère Antoine.

Dois-je en déduire que ton père exploitait ces carrières, ou que vous logiez dans les maisons troglodytes de cet endroit ? Ta fratrie s’étoffe avec les enfants que ton père aura avec Jeanne Driencourt sa nouvelle épouse.

L’été 1684 précédent ta naissance, a été caniculaire, stérile en grains, suivi de vendanges précoces, et ton premier hiver est très froid.

***

Solides Marie Jonquoy et Louis Liénard, arrivés à l’âge adulte, vous regardez vers l’avenir, en vous mariant le 26 novembre 1709 dans l’église de Barisis aux Bois, entourés de vos parents et proches.

Tous, vous deviez être costauds – ou chanceux – pour lutter lors du grand hiver 1709-1710 : neige, gel, verglas, dégel, inondations, redoux, semailles quasi impossibles et famine dans tout le royaume en raison de la pénurie des grains.

Vous avez cheminé ensemble Marie et Louis, et 10 enfants en témoignent, baptisés sur plus de 20 ans, 5 petits gars et 5 petiotes, à parité !


cliquer pour agrandir la frise 


Marie tu es en vie lors des mariages de 7 de vos enfants arrivés à l’âge adulte, mais je perds la trace de ton époux après 1741, de nombreux petits-enfants autour de toi, parfois partis trop vite.

Un froid jour d’hiver, ton acte de sépulture est signé par deux de tes petits-fils le 22 janvier 1767, tu avais 73 ans, toute une vie dans le même village, une vie humble, jalonnée par de modestes indices, de brefs actes paroissiaux en sont les témoins.

Lointaine Marie Jonquoy, et vaillant Louis Liénard salpêtrier, vous comptez double dans mon arbre puisque votre fille Marie Jeanne Liénard unie à Vincent Ville est mon ancêtre, tout comme votre fils François Liénard laboureur marié à Marie Anne Dupont.

Juste quelques lignes, pour que Marie et les siens ne soient pas oubliés.


Sources 
AD 02 BMS Barisis aux Bois
Généanet: arbre avec sources de milou02
Meteofrance