samedi 17 septembre 2022

Lumière sur Claude Deschamps

Rendez-vous furtif, pour qui sait le provoquer, rendez-vous de confidences avec Claude Deschamps (sosa 764) un ancêtre savoyard à la 10ème génération, natif et demeurant à Montvernier un petit village de montagne.

Une voix lointaine énonce : ma petite Fanny, je suis né dans le foyer de Joseph Deschamps et Marie Vernier, prénommé comme un frère de mon père, je reçois le baptême le 5 septembre 1711, entouré de mon parrain Joseph fils de Michel Deschamps un cousin, et de ma marraine Louise Deschamps une tante.

Tu as un peu peiné pour te retrouver entre les différentes branches de tes ancêtres dans ma paroisse, farfouillé dans différents registres, noté des éléments sur des papiers ou dans une étrange machine avec un clavier qui te permet de communiquer entre les gens et les siècles.

Montvernier communes.com © Claude Garnier

- Oh Claude, comment savez-vous ? Comment avez-vous entendu mes cris de joie, ou de rage, mes étonnements ou grimaces, décelé mon obstination à cerner votre famille et entourage ?

- Chut, il en est ainsi parfois, et je te confirme qu’une gentille et courageuse fille, un peu plus âgée que moi, me convenait la Damiane Durieux (sosa 765), l’aînée de Jacques Durieux et Honorade Crosaz. On a grandi à deux pas l’un de l’autre, à 20 et 18 ans on est pressé, mais nos parents se sont accordés sur les conditions de notre union.

- Cher aïeul, à ma grande surprise, votre contrat de mariage avec Damiane a été rédigé par le notaire dans la grange de Jacques Durieux son père, sans doute l’espace le plus vaste pour accueillir la docte assemblée, pas moins de cinq témoins dont trois chanoines venus de Saint Jean de Maurienne en cet après-midi du 25 avril 1729 !

Aux premières places, bien installés, j’imagine les Révérends Messires Pierre Mollaret prêtre et chanoine de la cathédrale de la cité, Claude Deschamps votre oncle aussi prêtre et chanoine, et de même Jean Pierre Brun prêtre et bénéficiaire en ladite cathédrale.

AD 73 Tabellion St-Jean 1729 extrait

- Que cela me semble loin, ma Damiane était fière de son trousseau, avec en autres, des mouchoirs d’indienne, de nombreuses coiffes de toile blanche neuve et un coffre de bois de poirier fermant à clef. Selon la coutume je lui ai offert les habits nuptiaux : une robe de gros drap avec son corps et manches de bon drap, un tablier de serge et une paire de souliers neufs.

Ma promise a apporté des pièces de terre et 325 livres de dot, et nos pères ont aussi réglé des éléments financiers plus anciens, si je me souviens bien.

- Claude, le lendemain 26, la ferveur est grande lors de la cérémonie religieuse dans la petite église, avec une nombreuse assistance et la présence des chanoines. Je présume, une ambiance plus chaleureuse, au cours du repas de noces servi dans la grange, et les danses animées par un violoneux. Dites-moi ? 

Silence, pensées nostalgiques, et soupir de mon interlocuteur, qui enchaîne :

- Ma Damiane m’a laissé seul en 1740 avec Jean-François notre fils âgé de 4 ans à peine, ton ancêtre également si j’ai bien compris ma petite Fanny. Le père et la mère m’ont incité à me remarier, la vie doit continuer avec un petit enfant, et tout le travail des champs et des bêtes.

Un jour de mai, le 23 de l’année 1741, je me suis retrouvé dans la maison canoniale de Révérend Claude Deschamps, mon oncle, un des chanoines de la cathédrale de Saint-Jean de Maurienne. Outre le père, était présent dans mes témoins Sieur Dominique à feu Louis Deschamps habitant la cité, un cousin je te précise.

AD 73 Tabellion St-Jean 1741 extrait

Ma nouvelle future est Jeanne Marie Laurent fille de Jean Claude, originaire de Montricher village plus haut dans la vallée, son trousseau est bien fourni, 420 livres de dot en plus, sans oublier une vache et une brebis, et on l’a dit bien vaillante. J’ai apporté plusieurs pièces de terres sur Montvernier, et bien sûr offert les habits nuptiaux, dont un mouchoir de soie cette fois acheté à la cité.

Bah, on s’est accordé tous les deux, Jeanne Marie vient de me donner un quatrième enfant, un garçon prénommé Rémi.

La voix de mon aïeul se fait plus faible, un bruit de toux. Ce fragile fil sonore est coupé.

***

Difficile à formuler, Rémi Deschamps le fils cadet est baptisé le 7 septembre 1748, Claude son père est inhumé le 26 décembre de la même année, à tout juste 37 ans. 

Heureusement le grand-père Joseph est solide et veille sur ses petits-enfants, il établit Jean-François en 1755, et celui-ci prend le relai pour veiller sur ses cadets Thérèse et Rémi en lien avec sa belle-mère.

Juste un peu de lumière sur Claude Deschamps, un ancêtre à la vie trop brève dans un coin de Savoie, la sobriété des actes du registre paroissial de Montvernier est compensée par le détail d’actes notariés qui mettent en évidence les liens familiaux, et les intérêts pécuniaires.


Dialogue imaginaire 
et personnes liées à ma généalogie
selon les principes du RDVAncestral

Retrouver le mariage de Jean-François ;  Une histoire de lacets


Sources
AD 73 BMS Montvernier
AD 73 Tabellion St-Jean de Maurienne 1729 2C 2507 folio 338 vue 440
AD 73 Tabellion St-Jean de Maurienne 1741 2C 2538 folio 532 vue 85
Relevés GénéMaurienne
Geneanet arbre pseudo Montvernier