Partir à la rencontre de ses ancêtres revient peu ou prou à leur voler des instants, voici ceux que j’ai chapardé autour de Marguerite Lathoud - sosa 519 - en Maurienne au temps du Duché de Savoie, entre registres paroissiaux et actes notariés.
Il me tenait à cœur d’étoffer le petit monde de Marguerite tout juste évoqué lors du baptême de sa fille Marie et du contrat de mariage de celle-ci dans d’anciens billets :
Retour donc à Aussois pour un épisode qui démarre vers 1655, dans un village installé sur un replat à 1500 mètres d’altitude, bien ensoleillé l’été et bien enneigé l’hiver, avec des maisons de pierre tassées les unes contre les autres.
Mère-grand Marguerite, aïeule à la 10ème génération, grandit entourée de Dominique et Marie ses sœurs aînées et d’Anne-Marie, seul le baptême de la petite dernière en 1664 donne le prénom de leur mère sans patronyme : Cécile.
L’époque est lointaine, les actes succincts, quelques lacunes, et surtout les pages du registre paroissial en désordre compliquent la tâche, à croire que le vent s’est engouffré dans le presbytère ou le local d’archives pour éparpiller les feuillets.
Lourde tâche paternelle pour Antoine Lathoud - sosa 1038 - que celle d’établir un quatuor de filles, d’abord les deux aînées et puis mère-grand Marguerite Lathoud convole le 2 juin 1680 avec son Michel Ratel - sosa 518 - feu Angelin.
AD 73 Aussois extrait mariage 1680 |
Cérémonie dans l’église du village pour le nouveau couple, comme pour les baptêmes des petits et petiotes, instants de joie et de crainte, les vies sont fragiles à cette époque. Sur six enfants, Marguerite mon ancêtre ne voit grandir que Marie, Angelin et Anne.
La sachant veuve en 1711 lors du contrat de sa fille, je me demandais à quelle époque remontait la disparition de son époux, sans plus.
Et puis, récemment j’ai découvert des instants douloureux de cette famille dans la maison de la rue d’amont. Mon lointain père-grand Antoine Lathoud feu Gabriel a dicté au notaire ses dernières volontés, celles pour le repos de son âme avec plusieurs messes dont celle des trépassés, mais aussi une aumône aux pauvres qui se présenteront à son domicile selon la coutume du lieu.
AD 73 Tabellion Termignon extrait testament 1703 |
Dans ce testament du 19 septembre 1703, Antoine évoque son frère feu Claude mais ne cite pas d’épouse, ce qui laisse à penser qu’elle est défunte. Ses dispositions pour ses biens terrestres confirment les liens avec ses quatre filles d’autant que les conjoints sont cités, ce qui est très important en Savoie où les mariages ne mentionnent que les pères.
Mon ancêtre nomme héritières universelles ses quatre filles - à part égale- soit ses deux filles vivantes : Dominique veuve de Georges Couvert, et ma Marguerite veuve de Michel Ratel. Deux parts reviennent aux enfants de ses défuntes filles Marie et Anne-Marie qui laissent des veufs.
Il complète la part de l’aînée par un legs de terrain car Dominique s’est occupée de lui pendant sa maladie, dix jours plus tard Antoine Lathoud est inhumé dans le cimetière accolé à l’église.
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Ma Marguerite, de veuve en 1711, passe veuve en 1703 dans le testament de son père, feuilleter en arrière le registre paroissial m’a permis de trouver la mention de l’inhumation de Michel Ratel le 17 septembre 1694 âgé de quarante-quatre ans à peine. Mon ancêtre s’est retrouvée seule avec plusieurs enfants dont Marie âgée de neuf ans, elle fit face courageusement.
AD 73 Aussois acte de décès 1694 |
Elle n’est pas mentionnée lors du partage des biens de son époux : Anne Ratel - sosa 259 - sa fille juste mariée, représentée par son époux Jean-Baptiste Parmier - sosa 258 - , reçoit un lot, comme sa sœur Anne, Angelin dispose du reste : des prés et des champs et … je ne sais car l’acte du 23 juin 1711 est difficile à déchiffrer. Libre de droits ledit Angelin intervient directement lors de son contrat de mariage en 1714.
Je retrouve Marguerite Lathoud, presque septuagénaire, établie chez son gendre et sa fille au Bourget depuis plusieurs années, où elle teste le 12 janvier 1728 pour mettre ses affaires en ordre.
AD 73 Tabellion Termignon extrait testament 1728 |
Jean-Baptiste Parmier bâtier de son état bénéficie d’un legs, soit 16 modures de terre et 8 modures de prés, pour qu’il puisse régler les œuvres pies et les funérailles de sa belle-mère. Celle-ci charge son héritière de lui rembourser sa dette de 100 livres, soit sa fille Marie Ratel désignée héritière universelle.
Les trois petits-enfants de son fils Angelin décédé aussi à Aussois (décidemment que de vies courtes) reçoivent un legs de terre, deux vaches et une génisse, ainsi qu’une somme de 120 livres correspondant à une dette de son fils à son encontre, moyennant quoi leur mère-grand les prive de son hoirie. Sa fille Anne non citée doit être dans l'au-delà.
L’esprit libre, ma Marguerite entourée des siens voit grandir ses petits-enfants Parmier, avant de s’éteindre sept ans plus tard en 1735, suivie de peu de sa fille hélas.
Instants volés, instants sortis de l’ombre pour les curieux.
N.B.
modure : mesure de surface
Sources
AD 73 BMS Aussois et Le Bourget
AD 73 Tabellion Termignon 1703 2C 2327 f504 vue 547
AD 73 Tabellion Termignon 1728 2C 2316 f15 vue 359
Geneanet indices jglisse
C’est bien de retrouver Marguerite. J’avais beaucoup aimé les RDVAncestraux dans lesquels nous l’avions rencontrée. Du coup, je suis allée les relire !
RépondreSupprimerBelle avancée dans la connaissance de Marguerite, dès le début d'année.
RépondreSupprimerJolis instants volés grâce à ces actes notariés qui nous révèlent tant 🥰
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