Au départ, juste trois lointaines silhouettes originaires de La Baume Cornillane : Moyse DURAND fils de Claude DURAND et de Judith PETIT, deux prénoms bibliques et des patronymes passe-partout. Plus tard, Moyse m’a permis de croiser un beau-frère et son frère cadet Jean.
Récemment, une envie de la Drôme des collines (selon le jargon touristique actuel) m’a conduite à m’immerger dans des actes notariés en ligne pour progresser dans ces rameaux cachés d’un coin du Dauphiné du XVIIème siècle.
Pour Judith PETIT, des cailloux ont été semés par un généa-cousin passionné qui publie sur Geneanet sous le pseudo « chamcro » avec des références d’actes notariés, ce qui mérite d’être souligné.
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Château de La Baume Cornillane -Drôme Tourisme |
Là, au pied de la Raye un contrefort du massif du Vercors, la Baume Cornillane s’étage entre 350 et 1000 mètres d’altitude, terroir parcouru de plusieurs ruisseaux, dominé par les ruines du château féodal celui des Cornillan.
Fier château, édifié au XIIème siècle sur une butte, avec une vue imprenable sur la plaine de Valence, dont subsistent un donjon sur trois niveaux avec le logis seigneurial, une partie de l’enceinte et trois tours rondes.
Catherine de Cornillan, descendante d’une longue lignée, embrasse les idées de la Réforme en 1562, et le village de La Baume devient entièrement protestant soit une centaine de familles. En 1579, elle fait un legs important à l’Eglise Réformée du lieu en faveur des pauvres, du traitement du pasteur.
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Blason des Cornillan |
La grotte, dont le village tire le nom, sert de lieu de refuge pour les Réformés des alentours pendant les guerres de Religion jusqu’à la publication de l’Edit de Nantes en 1598 sous le roi Henri IV, édit de tolérance qui accorde la liberté de conscience et de culte aux protestants du royaume. Grotte dite de la Dame (en référence à Catherine de Cornillan) qui sert encore de repli lorsque commencent les dragonnades sous le roi Louis XIV son petit-fils, période de restrictions des libertés de culte.
Si le temple fut démoli en octobre 1687 sous ce même souverain, le château-fort fut démantelé vers 1626 sous le règne de son père le roi Louis XIII comme bien d’autres forteresses non essentielles à la défense du royaume.
Frissons et pincement au cœur à imaginer nos lointaines silhouettes en ces temps de répressions, d’abjurations forcées, d’arrestations et de condamnations, de rapt d’enfants pour les faire élever par des familles catholiques ou les enfermer dans un couvent.
Village, contraint lors de l’hiver 1683-1684, de loger une compagnie de dragons, soldats qui commettent mille exactions. Ainsi se déroule le cours d’une époque tourmentée et intolérante, avec la révocation de l’Edit de Nantes prononcée en 1685.
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Les deux fils de Judith PETIT et de Claude DURAND maître-tailleur d’habits se marient à l’église, nouveaux convertis du bout des lèvres au catholicisme. Les registres paroissiaux protestants de La Baume Cornillane antérieurs à 1685 sont perdus, la seule planche de salut pour remonter dans le temps sont les archives notariales.
Et voilà un signe de Judith PETIT et de ses proches à travers les écrits de Maître Bérangier, lors de la signature le 16 janvier 1641 du contrat de mariage de sa sœur Isabeau PETIT avec Guillaume CHENEBIER cardeur.
Judith est présente avec son époux, cités tous deux deux, comme ses frères Jacques et Louis PETIT, enfants et gendre d'Isaac PETIT et Marie SAUSSE. Bonjour chers nouveaux ancêtres et collatéraux, même l'oncle Daniel SAUSSE répond à l'appel.
Emotion à découvrir ces rameaux cachés, émotion aussi pour les fiancés, Guillaume le promis est épaulé par un oncle, deux frères et un cousin tous répondant au patronyme CHENEBIER.
Selon les termes habituels d'un contrat de mariage, la fiancée passe de l'autorité paternelle sous la coupe de son futur, et ne me demandez pas le détail des conditions financières ou du trousseau, je n'ai pas le niveau de paléographie requis pour tout décrypter.
En lot de consolation, je vous présente les signatures de l'acte, précieux témoignage d'une très ancienne réunion familiale de 1641, et un extrait des rameaux découverts de la famille d'Isaac PETIT et Marie SAUSSE, découverte de ce printemps.
Promenade généalogique en haut d'une branche sur une suggestion d'une blogueuse de Cétait au Temps, nouveau défi dans l'air qui me donne bonne conscience de farfouiller et m'interroger sur les liens des protagonistes. A suivre donc.
Retrouver cette famille
Sources
AD 26 BMS La Baume Cornillane et Montmeyran
AD 26 Archives notariales 2 E 7904 folio 40 vue 41/271
Geneanet arbre sous le pseudo chamcro
Histoire des protestants en Dauphiné