Cap en Bretagne à Lannion dans les Côtes d’Armor, pour un modeste rendez-vous familial de couleur sépia, à plus d’un siècle d’écart l’image se colorise, les propos parviennent assourdis. Le passé se mêle au présent, conjugué à l’émotion de découvrir un peu la ville où Nésida et sa moitié ont vécu un temps. Et soudain :
Nésida ARNOUX glisse une mèche rebelle dans son chignon, tout en pénétrant dans la pièce, avec à la main une carte postale :
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Lannion document familial |
La petite âgée de 4 ans préoccupe ses proches, tout comme Isabelle ARNOUX sa maman, hélas sans nouvelles d’Emile MERCIER le papa, soldat disparu lors des terribles combat de Verdun en juin 1916.
Tant de souffrances dans les familles avec la déflagration d’un conflit que l’on nommera ensuite Première Guerre Mondiale, Isabelle s’est retrouvée seule avec Jeanne pendant quatre ans dans l’Aisne, territoire envahi, avant de pouvoir regagner la Drôme sa terre natale. VOIR ICI
René PICARD l’époux interpellé, au visage rond aux yeux sombres, lève le nez de ses paperasses regarde tendrement Nésida, prend la carte, et lorgne la reproduction : la promenade du Léguer et le quai de la Corderie.
Leur vue au quotidien depuis que le couple s’est installé à Lannion avec sa nomination de procureur de la République au Tribunal de la ville.
Oncle René lisse ses fines moustaches, réfléchit un tantinet, comment intéresser une petiote, sa nièce qu’il ne connaît pas encore, lui qui n’a pas d’enfant, il se lance et trempe sa plume dans l’encrier.
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Document familial |
« Ma chère petite Nénette » (hélas c’est l’épouvantable surnom donné à ma petite Maman)
« Je t’envoie une carte où tu verras notre maison. La fenêtre près de laquelle il y a une croix est celle de mon cabinet de travail de Tonton René, d’où il t’écrit aujourd’hui. Devant la maison c’est la rivière, mais la mer est basse et montera bientôt. Je t’embrasse affectueusement ainsi que ta maman. »
Signé Tonton René
L’encre bleue cède à l’encre noire, et finement Tante Nésida écrit en travers et complète :
« Guéris vite. Bois bien ton huile de foie de morue et laisse-toi mettre des cataplasmes s’il le faut. Bons baisers. »
Signé Tante Nésida
En cette fin d’été 1918, on soigne et chouchoute la petiote atteinte de typhoïde et gringalette qui a gardé en mémoire les cuillerées du breuvage évoqué et le lait de poule de sa grand-mère maternelle.
Jeanne la destinataire recevra d’autres cartes de Lannion et pourra avec l’aide de sa maman se faire une idée de cette région lointaine que celle du Trégor, région qui n’a pas connu le bruit des bottes allemandes mais hébergée dans des hôpitaux militaires complémentaires de nombreux soldats blessés.
Petite Jeanne, enfin Nénette, à qui Oncle René a réclamé une photo en attendant de pouvoir la rencontrer, la remerciant de son envoi a mentionné avoir embrassé le portrait, qui a été le plus ému (e) à vous d'apprécier.
Seule solution continuer à numériser mes petits trésors pour découvrir ou redécouvrir quelques échanges bizarrement conservés et révélateurs de liens familiaux.
"Nenette", moi je trouve ca mignon
RépondreSupprimerMoi aussi
SupprimerQue de petits trésors, en effet !
RépondreSupprimerQuelle chance d'avoir ces petits trésors. Il faut continuer à nous les partager :)
RépondreSupprimerMoi aussi j'aime ce surnom dans la stricte intimité familiale. Il dénote beaucoup de tendresse.
RépondreSupprimerNénette était le surnom de ma mère, elle n'aimait pas beaucoup.
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