vendredi 10 octobre 2025

La petite messagère

Piochée dans mes numérisations récentes de cartes postales, cette petite messagère bretonne en costume régional du Sud Finistère, transmet des nouvelles familiales de 1918.

Cette carte a été choisie par ma grand-tante Nésida ARNOUX qui réside à cette époque à Lannion dans les Côtes d'Armor avec son époux René PICARD magistrat. Le sujet d’une enfant bien apprêtée, lisant sagement, est susceptible d’intéresser sa nièce de 4 ans dite Nénette.


Document familial

Ce courrier est adressé à Montmeyran dans la Drôme où Isabelle ARNOUX ma grand-mère s’est réfugiée dans son village natal avec sa petite Jeanne pas trop en forme, épouse sans nouvelles d’Emile MERCIER soldat porté disparu au front.

Cette carte constitue la suite du billet précédent une carte de Lannion, oncle René a écrit tant à la petiote qu’à sa belle-sœur :

« Ma chère petite Nénette

Tonton René n’est plus chez les Boches et est bien en France : ce n’est pas pour cela qu’il ne vient pas te voir, c’est qu’il n’a pas de vacances. Je sais que tu vas beaucoup mieux maintenant, il faut te guérir tout à fait et pour cela obéit bien à ta bonne maman. Je t’embrasse bien fort et bien affectueusement ».
P.S. « Tante Nésida me dit que tu es bien gentille et mignonne »
 « Tonton René »

***
« Ma chère Isabelle

« Vous devez être en vacances maintenant et Nésida m’a dit que vous en aviez besoin afin de vous reposer des fatigues que vous a données la maladie de Nénette. Tâchez d’en profiter. Je vous souhaite de ne pas avoir trop de chaleur ; il fait frais ici et il pleut d’ailleurs continuellement.

Nésida a repris son service à l’hôpital, et a de quoi faire. Souhaitez le bonjour de ma part à vos beaux-parents, à la famille Cochet et ne m’oubliez pas auprès de Mr. Arnaud. Embrassez aussi Maman pour moi. Je vous embrasse affectueusement en attendant de vos bonnes nouvelles ».
« René »

Cette petite missive est pleine de références : sur la période troublée de l’été 1918 où gronde encore le canon et les soldats de différents camps se confrontent toujours, sur la présence de Tante Nésida infirmière bénévole à l’hôpital militaire complémentaire de Lannion qui accueillait à l’arrière en convalescence les soldats blessés au front.

Oncle René, en homme policé, adresse son bonjour aux grands-parents paternels de Nénette, réfugiés aussi à Montmeyran depuis que leur village de l’Aisne a été détruit : Jean-Baptiste MERCIER et Clotilde LESCOUET. La famille Cochet doit être aussi réfugiée de Barisis, j’en ai entendu parler.

Touchante je trouve la qualification de « Maman » pour sa belle-mère Noémie LAGIER récemment veuve.

On ne sait si petite Jeanne admira le beau vêtement de la petite messagère.


Ecrit dans le cadre du défi mensuel de faire parler une photo 
ou une carte postale
défi initié par le Groupe Raconter sa Généalogie de Facebook.




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