Comment découvrir ce que faisaient plus d’une demi-douzaine d’ancêtres à Modane il y a près de 4 siècles : s’occuper de l’ascendance de mon arrière-grand-mère paternelle Sylvie Ludimille Audé en premier. Se résigner aux actes en latin des registres paroissiaux avant 1830, utiliser les actes notariés pour consolider les liens familiaux, déboucher sur certains arbres en lignes plein d’indices.
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Gallica Christine de France |
Les frères mineurs Capucins forment une des trois branches masculines du premier ordre religieux de la famille franciscaine approuvée par le Pape Clément VII en 1528.
Lesdits Capucins, établis à Jean de Maurienne en Savoie, étaient appelés dans le cadre de leur mission à se rendre de l’autre côté des Alpes, dans les vallées d'Oulx et Bardonneche, et souhaitaient avoir un pied à terre à Modane. Le 22 décembre 1639, une première demande fut adressée en ce sens par l’Archevêque aux syndics et conseillers de Modane sans de résultat tangible.
Aux grands maux, les grands remèdes, les Capucins firent intervenir la duchesse régente Christine de France, veuve de Victor-Amédée 1er Duc de Savoie, qui écrivit de Chambéry le 26 janvier 1640 :
« Bien aimés féaux.
Etant nécessaire pour le service de Dieu et de son Eglise que les révérends pères Capucins aient une maison de retraite dans le bourg de Modane, qui soit propre et commode pour y faire leurs exercices et fonctions religieuses, tant aux temps de leur quêtes et passages des montagnes en allant et revenant du Piémont, que pour catéchiser, prêcher et opérer le salut des âmes, soit au lieu de Modane que de Maurienne selon leur dévot zèle…
Nous vous demandons expressément par cette présente lettre que promptement vous ayez à leur remettre ladite maison de ladite qualité, la clef de laquelle sera remise au gardien des Capucins pour s’en servir, ainsi que les religieux encore chaque fois qu’ils le jugeront utile…
Vous ne manquerez ainsi d’observer sans difficulté. Sur ce nous prions Dieu qu’il vous ait en garde. »
Voilà une belle injonction, sauf erreur, qui bat en brèche ce qui reste d’autonomie communale.
Résigné, le conseil de Modane se réunit le 15 février 1640 pour proposer une maison avec la possibilité d’une autre alternative.
Et puis, se ravisant pour poser ses conditions, dans la maison de ville à Modane « le dimanche, quatrième jour de mars mille six cents quarante :
honnêtes François Ratel et Michel Martin syndics de Modane,
André Paraz, Dominique Moysend, André Bernard, Guillaume Charvoz, David Villet, Abraham Taburd, Michel Tournaz, Claude Long l’aîné, et Antoine Faurin, conseillers,
ainsi assemblés dans le lieu accoutumé, assistés d’Etienne Tournaz notaire,
déclarent obéir promptement au commandement de Madame Royale et disent prêter une maison pour une année prochaine aux révérends Capucins, à condition qu’ils ne feront aucune quête, autre que celle qu’ils font une fois l’an à l’accoutumée, ainsi fait et résolu.
Nul ne sait combien de temps dura cette concession révocable au gré de la commune.
Ce qui est sûr, le 4 mars 1640, sept de mes très lointains arrière-grand-pères, un syndic et six conseillers se sont penchés sur un épineux dossier.
N.B. Christine de France dite Madame Royale est fille du Roi Henri IV de France et de Marie de Médicis, veuve du duc Victor-Amédée 1er de Savoie, elle fut Régente de ses fils François-Hyacinthe et Charles-Emmanuel II Duc de Savoie
Sources
Société d'histoire et d'Archéologie de Maurienne année 1874 page 54
C'est de haut niveau pour un article de pré-rentrée !
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