dimanche 10 décembre 2017

Noëls d'autrefois à Bessans

En cette période de l’Avent qui précède Noël, il me plaît à penser que mes ancêtres savoyards, du côté d’Aussois, Avrieux ou Modane  avaient des traditions similaires à celles de Bessans, commune située plus haut en Maurienne, tant pour la crèche que pour les chants.
 
Tombée sous le charme  d’un article de Florimond Truchet de 1867 rédigé pour la Société d’histoire et d’archéologie de Maurienne, je vous en propose des extraits :

 
« Dans quelques communes de la Maurienne, on a coutume de construire, quelques jours avant la fête de Noël sur l’un des autels de l’église paroissiale, pour laquelle on s’efforce, autant qu’il est possible, d’imiter le délabrement de l’étable de Bethléem. Quelques éclats de bois simulant des poutres et une charpente supportent un toit de chaume recouvert d’une ample couche de coton, qui figure la neige que l’architecte, plus pieux qu’instruit, suppose tomber en Palestine. »
 
« Des statuettes de cire, vêtues d’étoffes, représentent la Sainte-Famille et l’Adoration des Bergers ou des Rois, selon le temps. Au second plan, on voit un âne et une vache, puis au fond une crèche garnie de foin ; sur le faite du toit, une étoile de papier doré brille le jour des Rois. »
 
Florimond Truchet a eu connaissance de deux manuscrits d’anciens Noëls que l’on chantait encore à Bessans vers 1827 en patois, ou mauvais français. Il souligne, à juste titre me semble-t-il, leur étrange et naïve poésie, liée à une foi sincère.

 
« Chez l’auteur de ces Noëls de Bessans, l’illusion allait si loin qu’il suppose que Jésus est né, non pas à Bethléem, mais à Bessans même, et que les villageois des environs s’empressent de s’y rendre pour offrir leurs présents au nouveau-né. Leurs noms sont cités : ainsi Robin porte un agneau, Bartholomé des fromages gras, Jacquet du fromage vieux, d’autres portent dix ou douze marmottes, etc … »


Les anges volent par les montagnes
Par les vallons, par les campagnes,
Ils trouvent les bergers endormis,
Ils chantent clair comme des orgues de Barbarie,
Ils font savoir à toute personne
Que le Bon Dieu est né




Gens qui êtes dans vos maisons
Tapis comme des marmottes,
Ne chaussez pas vos galoches,
Prenez seulement vos sabots,
Sortez, dehors est une chose étrange,
Vous  y verrez mieux qu’à midi,
Sortez, vous y verrez les anges
Qui vous donnent le bonjour
.


Courage, il nous faut donc aller
Commander à nos épouses
De porter à l’accouchée et à son enfant
Des couvertures de fine laine,
Qu’elles renversent leurs écrins
Si elles ont quelques belles échevettes
De lin, et des serviettes propres
Pour faire des langes au poupon


Et le grand Jean et le vieux Pierrot
Leur porteront des fromages gras
Humbert, fils de Gilles, et Garinot,
Du beurre frais et des cérats,
Cherchons dans nos fromageries,
Tout ce que nous avons de meilleur,
Courons sans faire d’autres façons
Leur en offrir de bon cœur. 


Les bonnes gens de l’Ecot dansent
Et les autres viennent en chantant :
« vive Bonneval, lui seul ! »
Ils descendent avec diligence
Pour venir faire leur révérence
A l’enfant qui est au maillot.


Jean Vincent marche après les femmes,
Portant un chevreau et deux perdrix
Et lui seul de la troupe
Fait les compliments avec l’élégance
Des citadins de l’Esseillon.


Rêveurs, ou téméraires qui êtes arrivés jusqu’à cette ligne, Bonneval sur Arc est le dernier village de la vallée, l’Ecot est un hameau tout comme l’Esseillon, celui-ci dit inhabité, par l’auteur…
 
S’agissant de  quelques strophes piochées dans différents chants, je vous invite à les découvrir sur le site de Gallica en suivant ce lien :  
 
 

Pages 387 à 447
Société d’histoire et d’Archéologie de Maurienne 1867 vol 2- 1869
Florimond TRUCHET
Les Noëls de Bessans 1867

Photos Pixabay

1 commentaire:

  1. Quelle jolie poésie ! C'est un témoignage direct de Noëls savoyards qui chante dans la Ronde des Ancêtres. Bon là c'est plutôt une procession vers la crèche!

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