Voilà notre ancêtre Louis CLEMENT granger des Ursulines, comme convenu avec les religieuses de Chabeuil dans le bail de grangeage du 25 février 1715, il s’installe à la Toussaint au domaine de Chaillard avec son épouse, ses enfants, et ses parents.
Madeleine REBOUL, sa courageuse compagne, met au monde le 20 décembre 1715 un petit Daniel, baptisé par le curé, il sera suivi d’une fille née en 1717.
Selon le document - registre paroissial, acte notarié, carte ancienne ou contemporaine - l’orthographe du toponyme du domaine des Dames de Sainte-Ursule varie : Challe, Chaliar, Chaliard, Challiard, Chaillard.
D’abord localisé sur la précieuse carte de Cassini de 1746, le domaine de Chaillard se repère aussi sur le cadastre napoléonien de 1812 à proximité de la rivière Véore.
L’inventaire numérisé fournit un bonus d’informations, puisque que Louis CLEMENT s’est plié aux formalités de l’état des lieux. Vu la date du 28 décembre 1715, je pense que le nouvel acte notarié a été aussi rédigé au parloir des religieuses et non en plein vent sur place, ou sur le bord d’une table bancale du domaine.
Maître Bérenger, peut-être fatigué ou pressé, ne précise pas le lieu où il dresse son acte, pourtant le document est détaillé sur certains points, voire redondant. On retrouve les quatre même religieuses dont Dame Elisabeth Deyriaux la supérieure du monastère de Sainte Ursule.
L’univers de la petite famille CLEMENT comprend deux bâtiments : un ancien et un nouveau. Le nouveau bâti sert d’habitation au granger, sa porte d’entrée ferme à clef avec son barreau et gond, il y a une fenêtre fermant avec une porte de bois avec un verrou, une barre et gond.
La porte des degrés pour monter au galetas ferme à clé avec son verrou et gond, audit grenier une fenêtre du côté du levant et une autre du côté du couchant.
Allez, on redescend en direction de l’écurie des mulets dont la porte est en médiocre état, de même pour la crèche (au sens de mangeoire), la petite échelle pour aller à la fenêtre est aussi en médiocre état, mais cette fenêtre est ferrée par deux barreaux à traverse.
La porte du jardin est en médiocre état avec deux barres et deux gonds et une serrure, la petite porte pour aller à la rivière, avec ses barres et gonds, est en mauvais état.
S’en suit la référence à l’ancien bâtiment avec une partie habitation et une écurie dont l’état s’avère médiocre, sans surprise.
J’avoue avoir été touchée par cette description, avoir tenté d’imaginer Louis CLEMENT et les siens dans ces lieux relativement modestes : lieu de vie, de travail, mais un toit, un contrat pour 4 ans, ne l’oublions pas.
Dans les consignes sur les cultures, j’avoue avoir décroché. Pour le fourrage, Louis CLEMENT devra laisser à son départ la même quantité que celle qu’il a trouvé à son arrivée.
| Gallica |
Notre ancêtre assure avoir réceptionné les 20 poules et le coq promis, et atteste avoir reçu 190 livres soit 150 de bonne espèce pour acheter les moutons et les brebis et 40 livres pour la valeur d’une charrette. Il lui reste à retrousser ses manches et à assumer ses tâches, à défaut de réellement s’enrichir.
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Hélas Madeleine REBOUL décède sur ce domaine trop tôt en 1719, après Louis CLEMENT le grand-père et précédant de peu Marie GENSEL la grand-mère.
Notre Louis CLEMENT granger, remarié avec Eve IMBERT est en vie en 1741 lorsque son fils cadet Daniel se marie, mais décédé en 1752 au mariage de Claude mon lointain grand-père.
Combien de temps a-t-il été granger de ce domaine, seuls les notaires peuvent répondre, une bonne partie de leurs actes se cachent dans les étagères des archives départementales.
Curieusement en relisant un acte de baptême lié à la famille élargie de Louis, j’ai découvert qu’un petit-neveu prénommé comme lui est né en 1740 dans la grange de Chaillard à Chabeuil. Plusieurs ménages CLEMENT ont-ils résidé dans ces lieux ?
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Le domaine des Ursulines a été vendu comme bien national à la Révolution, le cadastre napoléonien atteste encore l’existence des deux bâtiments en 1812, tout comme la carte d’état-major du milieu du 19ème siècle. Sur le cadastre de 1961 les bâtiments ont disparu, écroulés, le temps a fait son œuvre, les intempéries et les inondations peut-être.
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Et si j’avais un peu vite qualifié Louis CLEMENT de taiseux, lui frère d’une Marie enterrée en rase campagne. Dans quelques temps son père Louis CLEMENT le patriarche aura un fil de vie, tout comme ses enfants.
AD 26 BMS Chabeuil et Montmeyran
AD 26 Notaire Chabeuil 1714-1716 2 E 19664 vue 467
