Rameau caché plus ou moins, rameau fragile et précieux, qui nous relie à plus de quatre siècles d’écart avec Jeanne REYNIER notre lointaine ancêtre.
Jeanne dont le prénom signifie « Dieu pardonne ou Dieu est miséricordieux », et le patronyme Reynier, d’origine germanique, contraction de ragin et heri, peut être interprété comme « celui qui est prudent en temps de guerre » ou « celui qui donne de bons conseils dans les affaires militaires ».
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Plan de Baix © Vallée de la Drôme Tourisme |
En ce temps-là règne le jeune Roi Louis XIII, dont la mère Marie de Médicis a assuré la régence après l’assassinat de son père le Roi Henri IV.
L’enfance et la jeunesse de Jeanne se déroulent dans un village de plusieurs hameaux, et de fermes isolées, dont les habitants se livrent à l’activité agricole et pastorale : moutons et chèvres.
Ses jours s’écoulent dans un paysage dominé par le vert, vert cru des prairies, vert plus clair des jachères, vert sombre de taillis touffus de chênes ou de pins sylvestres, quelques vergers.
Au-dessus des champs, domine le fier rocher du Vellan, falaise taillée à pic de 1000 mètres environ dont la racine vel en langage préceltique signifie hauteur ou lieu perché. Sur ce plateau calcaire, des traces d’un oppidum gaulois et des remparts et fossé d’un château du Moyen-Age, à ses pieds coule la rivière la Gervanne.
Le Vellan, véritable signal, offre un panorama à 360 degrés allant des Cévennes au Vercors, lieu idéal pour contempler et méditer, lieu idéal pour les randonneurs dont certains descendants de Jeanne.
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Gallica extrait carte Drôme |
Plan de Baix fait partie des villages où la Réforme s’implante facilement et il existe un temple dès 1617, mais sans pasteur, celui de Beaufort faisant le service.
En 1635 le vicaire général de Die, dans le procès-verbal de sa visite, note 20 maisons catholiques et 40 maisons huguenotes, la présence d’un maître d’école protestant, il précise que le cimetière sert pour les catholiques et ceux de la religion dite RPR (Religion Prétendue Réformée).
L’église obscure a besoin de fenêtres surtout du côté du vent, le chœur n’est pas complètement couvert de tuiles, il n’est pas blanchi et pavé, de même que la nef. Il y a les ornements nécessaires, mais point de ciboire ni de lampe ou de confessionnal, de plus le presbytère est ruiné.
Jeanne grandit et, comme toute jeune fille prépare son trousseau aidée par ses proches, Sieur Moyse REYNIER son père se préoccupe de son mariage, il en est ainsi à cette époque.
Un dimanche ensoleillé, et peut-être venteux, le 14 mai 1645, Jeanne REYNIER et Jacques SAULCE ou SAUSSE originaire de La Baume Cornillane unissent leur destinée. Le couple reçoit la bénédiction du Pasteur Burnat en présence du Notaire Béranger.
Sieur Moyse qui êtes-vous, cher Jacques qui est votre père, quel métier avez-vous exercé, Maître Bérenger êtes-vous Maître Bérangier notaire de La Baume Cornillane dont certaines minutes paraissent être conservées ? Faut-il farfouiller dans les registres à l’austère graphie pour dénicher un hypothétique contrat de mariage ?
Une nouvelle vie pour Jeanne et Jacques SAUSSE qui accueillent au moins quatre enfants, Marguerite, Isabeau, Jacques et Sarah, nés à La Baume Cornillane.
Vous étiez tous présents lors du contrat de mariage d’Isabeau en 1683, contrat plein de surprises, liens révélés et contés dans un rendez-vous ancestral : passez les écouter.
Les temps deviennent durs pour les protestants lorsque le Roi Louis XIV révoque en 1685 l’Edit de Nantes qui accordait la liberté de culte : les temples sont rasés, les pasteurs expulsés, les biens de ceux qui ont choisi l’émigration sont confisqués.
Les missionnaires bottés, soldats du souverain absolu, sèment la terreur lors de dragonnades, des réformés se convertissent, abjurent du bout des lèvres, et sont surveillés en tant que nouveaux convertis.
Jeanne est marraine d’un enfant en 1687 baptisé à l’église de La Baume Cornillane, s’y marient ses deux derniers enfants, la chaîne des générations s'est poursuivie.
Depuis son coin de Dauphiné au pied du Vercors, invisible et discrète, Jeanne REYNIER nous tend la main.