samedi 21 septembre 2024

Le marié venu d'ailleurs

De la lecture d’un acte, avec un esprit qui s’évade, surgissent des silhouettes sépia, aux contours flous, aux visages à contre-jour, parviennent des bruits assourdis : et un rendez-vous ancestral s’enclenche.

Là dans un coin de l’Aisne actuelle, ils se sont croisés, recroisés, souri, parlé, accordés surtout avec sa famille pour elle, occupés des papiers surtout pour lui.

En cette année 1773, la promise de 24 printemps se nomme Marie-Louise Jonquoy, avant-dernière fille d’Angélique Fossier mon aïeule veuve de Pierre Jonquoy chanvrier, l’élu venu d’ailleurs s’appelle Christophe Fauguel et affiche 41 années déjà.

Ce petit monde habite la paroisse de Barisis aux Bois, paroisse qui dépend d’un monastère fort ancien avec à sa tête un prévôt et deux ou trois autres religieux dont un faisant office de curé.

AD 02 Barisis extrait acte de mariage

Selon les règles, annonce est faite par le prêtre des fiançailles de Marie Louise et Christophe les 16, 20 et 23 mai au prône de la messe paroissiale,

On a jasé au village sur la différence d’âge des promis : dix-sept ans tout de même. On a causé sur ce marié garde des bois, chargé de veiller sur les forêts de la Prévôté et de prévenir les délits, venu d’ailleurs qui plus est, étranger au pays quoi.  Il ne faut pas compter sur sa mansuétude en cas de rapine dans les taillis…

On ne sait pas trop où se situe le village dudit Fauguel : Bonfol dans le diocèse de Besançon parait-il, dépendant des terres de Ponrrantruy, enfin c’est ce qu’a énoncé le prêtre.

Tout comme les paroissiens, j’ai tenté de combler mes lacunes sur Bonfol jusqu'en 1782, Bonfol relevait au niveau spirituel du diocèse de Besançon avant de rejoindre l'autorité du prince évêque de Bâle dont il dépendait déjà sur le plan temporel. Après les vicissitudes révolutionnaire et napoléonienne Bonfol et Ponrrentruy deviennent suisses avec le fameux congrès de Vienne en 1815. Pour faire court mon lointain grand-oncle est originaire du Jura.

Carte axée sur Barisis et Bonfol -ViaMichelin

Bon après cette petite digression, et en l’absence d’opposition à l’union, le mardi 25 mai 1773 branle-bas dans la maison d’Angélique Fossier mon aïeule. Marie-Jeanne Jonquoy Sosa 97 la fille aînée, aide sa jeune sœur Marie-Louise à s’apprêter, échange de confidences et de conseils qui sait.

Deux hommes attendent sur le pas de la porte : Simon Grandin le parrain de l’épousée est tisserand et Antoine Mercier le beau-frère, garde-vente, qui assure la garde et l’exploitation des coupes de bois pour un tiers, tous deux témoins.

En route pour la petite église où patientent Christophe Fauguel, fils de feu Jacques et défunte Marie Anne Gabroy, en compagnie de ses deux témoins Jacques Dromat sergent de la justice de Barisis son ami et Jean-Baptiste Gabroy son cousin germain garde de la paroisse de Selens, à plus de 3 heures de marche.

Des images lointaines me parviennent, des pas résonnent sur le sol de la travée au passage d’Angélique et son parrain qui la conduit à l’autel, sons confus de la cérémonie et des engagements, mots échangés lors des signatures de l’acte de mariage rédigé avec soin par Dom Jonat Farineau, seuls les hommes signent mais pas Marie Louise la mariée, même pas une croix apposée.

***

Une nouvelle page démarre pour ce couple de collatéraux, les baptêmes de trois petits : Nicolas Thomas Christophe en 1775 parti trop vite au ciel, puis un gars plus costaud Jean-Baptiste en 1778 et Marie-Louise Eléonore bonne pousse. 

La grande faucheuse, hélas, emporte le père trop tôt en 1788 à 57 ans. Veillent sur les deux enfants leur mère Marie-Louise Jonquoy  et leurs oncles qui assistent à leur mariage. 

AD 02 Barisis BMS extrait  

Christophe Fauguel tout comme ses beaux-frères Jean François Duparque et Antoine Mercier mon ancêtre Sosa 96 sont présents lors de l'inhumation d'Angélique Fossier la grand-mère, un trio souvent croisé lors de mes premières recherches et de mes interrogations sur les liens familiaux. 

Des actes et des êtres du passé ramenés à la lumière en quelque sorte. 



Retrouver cette famille

Sources
AD 02 Barisis BMS
Wikipedia


samedi 20 juillet 2024

Joies et peines d'Angélique Fossier

Ma mie Angélique Fossier, lointaine arrière-grand-mère, à trop fréquenter le registre paroissial de Barisis les Bois en Picardie, je m’interroge sur tes sentiments éprouvés jadis, au cours de ta vie et de ton chemin partagé avec Pierre Jonquoy.

Venue au monde le 22 décembre 1712 un froid jour d’hiver, tu es aussitôt baptisée pour rejoindre la communauté des chrétiens. Fille unique de François Fossier et Jeanne Berton, remariés l’année précédente, tu grandis dans une famille recomposée avec Marie Fossier ta sœur consanguine et Marie Jeanne Guerlot ta sœur utérine et assiste gamine aux mariages de celles-ci, puis fièrement devient marraine d’une nièce à tout juste 10 ans.

Dans ta paroisse ceinte de forêts, où les bûcherons et scieurs de long côtoient les chanvriers et tisserands le métier de ton père m’a longtemps échappé. Un indice glané en 1738 sur l’acte de d’inhumation de François Fossier mon aïeul m’interpelle donc : pestre. En référence à l’ancien français pestrir et au bas-latin pistrix, c’est la personne qui pétrir et remue fortement dans tous les sens avec les mains une substance pâteuse.

Ton père est donc boulanger et œuvre dans un endroit dénommé pétril ou fournil après avoir malaxé la farine dans un meuble appelé actuellement pétrin.



Dans le même village, Pierre Jonquoy, baptisé le 11 mars 1708, se trouve être l’un des nombreux enfants de Pierre Jonquoy bûcheron et Marie Magdeleine Brebant ancêtres mis en lumière dans un ancien billet. Il va à l’école et sais donc signer comme son père et ses frères cadets Louis-Jacques et Jean.

Et parce que la destinée d’une jeune fille est de s’établir, ma petite Angélique de ton trousseau tu as extrait une belle coiffe neuve, tapoté ta meilleure jupe, noué un fichu de laine sur tes épaules et pénétré dans l’église le 8 février 1729 pour unir ta destinée à Pierre en présence de vos pères et mères. Journée d’émotion et de fête, Angélique et Pierre, vous êtes si jeunes, 16 et 20 printemps tout juste, avec un penchant l’un pour l’autre peut-être.

Pierre Jonquoy, ton homme désormais, bûcheron à un moment, est ensuite chanvrier ou marchand-chanvrier selon les actes, et avec son instruction a aussi été marguillier de la paroisse. En tant que membre du conseil de fabrique, la fonction de marguillier de Pierre, suite à son élection par l’assemblée des habitants, l’a fait intervenir dans la gestion des quêtes et offrandes, des revenus ou des legs ainsi que la location des bancs, l’entretien de l’église, des ornements liturgiques, le respect des usages comme l’ouverture de la taverne après la messe.

***

La ronde des naissances débute avec l’ainé Pierre-Louis, puis s’enchaînent pour toi ma petite Angélique six maternités rapprochées, autant de risques lors de l’enfantement, de craintes pour les nourrissons à une époque désarmée face aux maladies infantiles, autant de détresse lorsque tu recueilles leur dernier souffle.



Jean-Louis, Michel, Marie-Louise, Louis, Jean-Baptiste, des petits anges partis trop vite, enfouis dans un tiroir secret de ton cœur, lequel avait tes yeux ou ceux de son père, as-tu gardé en mémoire leur prénoms. Si peu de joies, trop de peines.

Et puis Simon qui rend son dernier soupir à 11 ans, te souviens-tu de ses mimiques, de son caractère ou des traits de son visage.

Du baume au cœur lorsque Pierre-Louis ton fils aîné chanvrier se marie en 1756 avec Marie-Jeanne Lallemand, tu es là avec ton époux. Trois fois grand-mère, survient une hécatombe dans ce foyer avec la disparition des trois petits, de leurs parents aussi. Le vide autour de toi, tout se confond dans ton esprit, dans ta mémoire, veuve qui plus est après le décès de Pierre ton époux en 1762.

Tu n’as pas retenu les dates, je ne peux les décliner dans le détail, une auto-censure inexpliquée de ma part, années sombres et noires pour ton âme et ton corps, trop d’épreuves. tu as pleuré, plié, mais pas cassé, 



Comme il y a toujours un coin de ciel bleu quelque part, lointaine aïeule Angélique il te reste tes trois filles cadettes : Marie-Jeanne Jonquoy née en 1746, Marie-Louise Jonquoy baptisée en 1749 et Angélique Jonquoy la petite retardataire née en 1757. Elles grandissent ces demoiselles et tu assistes à leur mariage, la vie continue avec un peu de joie.

Juste une confidence ta fille Marie-Jeanne est mon ancêtre, des petits-enfants vont faire à nouveau du bruit, babiller ou piquer une colère, réclamer ton attention ou le récit d'une histoire.

Je te retrouverai avec tes trois filles, tes trois gendres avec une tendresse particulière issue de mes premières découvertes dans ta paroisse, et de mes premières émotions.

Joies et peines d'Angélique une femme ordinaire, dans un village au mitan du 18ème siècle à l'écart des grandes routes, lieu peuplé de familles courageuses luttant pour leur quotidien. 


Retrouver cette famille 


Sources
AD 02 Barisis aux Bois BMS 
Geneanet indices arbre milou02 

mercredi 26 juin 2024

Tout en haut d'une branche

Dans une forêt d’ancêtres on risque de se perdre, s’égarer, ou s’arrêter sous un majestueux arbre tricentenaire aux multiples branches, et entendre un oiseau gringotter, un rossignol .

Jean Rossignol et Marie Blanchart ou Blanchard, ancêtres tout en haut d’une branche dans un coin du Laonnois, attendent les curieux de leurs racines.

Si j’ai fait un bout du chemin seule en feuilletant les registres paroissiaux de Barisis dans l’Aisne actuelle, j’ai aussi profité de petits cailloux semés par un passionné : tout n’est pas pourri dans le royaume du Danemark, enfin sur le site de Geneanet et les arbres mis en ligne.

Jean et Marie naissent vers 1630-1635 se marient vers 1655 et décèdent vers 1686-1689.

Sujets du Roi Louis XIII puis du Roi Louis XIV, ont-ils eu écho des troubles graves de la Fronde qui frappent le Royaume de France alors en guerre avec l’Espagne.

Jean Rossignol et Marie Blanchart apparaissent dans les registres à travers les actes concernant leurs 10 enfants arrivés à l’âge adulte : une belle famille pour cette époque où tant de petiots meurent très vite, ce qui laisse entendre une certaine aisance et robustesse.

Les 6 garçons se marient Simon, Louis, Raphaël, Charles, Alexis et Jean mon aïeul époux de Marie Pierpont, mention est portée de leur capacité à signer les actes.

Sur les 4 filles Anne, Jeanne et Marie-Magdeleine contractent une alliance,

Marie plus fragile s’éteint dans la demeure familiale âgée de 19 ans en 1685, mention est faite de son inhumation dans la chapelle Notre-Dame de l’église de Barisis. Cela m’intrigue, un indice sur l’honorabilité de ses parents a priori.

AD 02 Barisis BMS extrait 1685

Autour de Jean Rossignol, le patriarche, gravite sa sœur Catherine Rossignol alliée à Henry Carlier fils d’un laboureur du lieu.

Dans la paroisse toute proche de Folembray, Quentin Blanchart le beau-frère exerce les fonctions de garde des bois de son Altesse Royale, lui aussi est inhumé dans l’église du lieu en 1697.

AD 02 Sinceny BMS extrait 1675

A Sinceny autre paroisse voisine, Jean Rossignol a le bon goût d’être parrain d’un enfant où le prêtre mentionne qu’il est garde en la basse forêt de Coucy. Tiens donc il exerce les mêmes fonctions que son beau-frère, ce qui sera aussi le cas de Simon son fils aîné.

Petit résumé de mes réflexions sylvestres sous un grand arbre aux multiples racines, et de vérifications d’actes et de parentés citées.

Un rossignol fredonne, siffle, gringotte au choix et m'encourage à me documenter sur le métier de garde des bois et la basse forêt de Coucy.  


Retrouver cette famille 

Sur les désordres commis en 1650 par les troupes dans les lieux cités



Sources 
AD 02 Barisis aux Bois BMS 1677-1721
Folembray BMS & Sinceny BMS 
Geneanet arbre pseudo milou02 
Photo Pixabay


mardi 4 juin 2024

Si peu remariée

Marie Pierpont, si éloignée dans le temps, cela ne t’ennuie pas que je chuchote à ton sujet ? Tu ignores que plusieurs de tes descendants te comptent comme ancêtre, j’en fait partie. 

Dans l'Aisne actuelle, à peine âgée de quinze ans, rougissante et émue, le 22 janvier 1691, tu pénètres dans l’église paroissiale de Barisis pour unir ta destinée à Jean Rossignol, vingt ans tout juste, pas peu fier de s’établir. 

Outre votre jeunesse vous avez en commun de ne plus avoir vos parents mais une importante fratrie, cette alliance n’est pas la première entre vos deux familles. 

Toi Marie tu es fille de défunt Antoine Pierpont et de feue Catherine Leclerc et ton Jean est fils de défunt Jean Rossignol et de feue Marie Blanchard.

Tu accouches de Charles en 1696 qui ne vit qu’une semaine hélas, et d’un garçon ondoyé à la hâte par la sage-femme Marguerite Dauthuille en 1702, là encore ton époux signe l’acte d’inhumation. Heureusement votre fils Jean Antoine et votre fille Marie Catherine sont des enfants plus costauds qui égayent votre foyer en 1699 et 1703.

Tout bascule un 16 février 1705, Jean Rossignol ton époux s’éteint à trente-trois ans à peine, et te voilà veuve à la trentaine avec deux petits sur les bras. Je subodore le clan des frères Rossignol de t’avoir épaulée, et ne doute pas de ton courage.

Un grand silence de ta part dans les registres pendant 19 années et puis une surprise : j’écarquille mes yeux en découvrant un remariage tardif. Le 25 janvier 1724 tu convoles avec Jean Martin veuf de quelques mois avec 2 grands enfants.

Lui demande à son frère François Martin et à son fils Antoine de lui servir de témoins, et toi Marie tu choisis Alexis Rossignol ton beau-frère et ton fils Jean Antoine.

Et autre surprise ton nouvel époux trépasse le 12 février suivant, tout cela s’avère étrange.

Cliquer pour agrandir

Que de supputations de ma part : un remariage par intérêt, lié aux suppliques d’un veuf qui cherche une ménagère ou une garde-malade, ou lié aux pressions d’enfants qui ne souhaitent plus t’héberger.

Mais non tu n’es pas brouillée avec les tiens puisque tu portes sur les fonts baptismaux ta petite-fille Marie-Catherine Tellier et ton petit-fils Jacques Philippe Rossignol en 1728 et 1732.

Tu as le temps de voir grandir plusieurs de tes petits-enfants, de s’occuper d’eux, tout en continuant à filer le chanvre au coin du feu, sans être flanquée d’un compagnon ronchon ou autoritaire.

AD 02 BMS Barisis extrait 1739 

Début 1739 ton temps est compté, tu reçois les sacrements de pénitence, du saint viatique et l’extrême onction avant de t’éteindre entourée des tiens le 1er octobre 1739 à environ 66 ans. Le lendemain ton fils Jean Antoine signe ton acte d’inhumation, tout comme Antoine Marchand et Jean-Baptiste Marlot un autre ancêtre, soit dit au passage, à la signature affirmée voire envahissante.

Tu es désignée comme veuve de Jean Rossignol, veuve pendant 34 années après 14 ans d'une union avec le père de tes enfants. Si peu remariée avec Jean Martin, que cette éphémère alliance est passée à la trappe.

Etonnante Marie Pierpont juste une dernière confidence : j’ai osé intituler une rencontre avec ta fille Dépoussiérer Marie-Catherine Rossignol



Sources 
- Image détail tableau Le Nain
©Washington National Gallery of Art
- AD 02 Barisis BMS
- Indices arbre Geneanet milou02


mardi 28 mai 2024

Un couple ordinaire

Une vie simple pour un couple ordinaire aux patronymes passe-partout : Jacques Dupont et Anne Martin, couple qui constitue cependant un maillon dans la chaîne de mes ancêtres dans un village de l’ancien Laonnois, aujourd’hui dans l’Aisne.

Regardez cette vieille carte, cherchez leur lieu de vie : Barisis, à l’écart des grandes routes, à proximité de Saint-Gobain et de Coucy entouré de forêts. Chanvriers, tisserands, fileuses, laboureurs, bûcherons et scieurs de long, ou garde-ventes se côtoient dans cette paroisse sous l’autorité de l’abbaye, dont les religieux administrent les sacrements et tiennent les registres.

Gallica Carte Cassini extrait sur Barisis 

Jacques Dupont (sosa 830), premier-né de Claude Dupont scieur de long et Marie Magnier est baptisé le 9 décembre 1696, tout juste âgé d’un jour, entouré de son parrain Jacques Henry et Marie Magdeleine Magnier.

Il grandit avec ses cadets Antoine, Charles, Marie et Pierre sous l’autorité bienveillante et ferme de ses parents, espérons le, sa famille élargie n’est pas connue.

Anne Martin (sosa 831), dernière-née de Claude Martin et Charlotte Hauteur, est portée sur les fonts baptismaux le 2 mars 1699 par Anne Antoinette Richemont et Pierre Jonquoy au nom de Louis son fils.

Si elle partage ses jeux ou contraintes avec sa sœur Marie et son frère Pierre, cela ne peut être le cas avec son grand frère Jean : dix-sept années les séparent. Anne se retrouve orpheline de père très vite, leur mère aidée par son grand fils et soutenue par son frère Jean Hauteur doit faire face au quotidien et lutter pour leur survie.

Les familles ont courbé l’échine pendant le grand hiver de 1709-1710, luttant lors de la disette des grains, ignorant peu ou prou la disparition du Roi Louis XIV en 1715, le temps de la Régence dans la jeunesse du Roi XV.

Et puis viennent les épousailles célébrées solennellement dans la petite église paroissiale le 14 juin 1721. Le marié, sous l’autorité de son père Claude Dupont, a comme témoins ses frères Antoine et Charles, la mariée est assistée de son oncle Jean Hauteur et de son beau-frère Antoine Martin, bien que non citées les mères doivent être présentes.

AD 02 Barisis acte mariage 1721

La vie de couple de Jacques Dupont et Anne Martin s’étend sur une vingtaine d’années, arrivent au foyer quatre enfants : un petit Claude prénommé comme les grands-pères au destin inconnu, puis Marie Anne mon aïeule, Charlotte et Marie Magdeleine. Les filles grandissent.

Mon ancêtre Jacques, avec un père et un frère scieur de long, est-il aussi un homme du bois ? Les registres sont muets sur son métier.

AD 02 Barisis décès du grand-père en 1740

Sa malhabile signature figure seulement sur l’acte d’inhumation de son père Claude en 1740 et celui d'Anne son épouse en 1741, touchant témoignage lors de tristes événements. Le grand-père et sa bru sont décédés dans leur maison et ont reçu les derniers sacrements.

AD 02 Barisis décès d'Anne en 1741

Veuf de cinq mois Jacques s’éteint la même année que son épouse en 1741, leur fille cadette disparait peu après.

Entre 1739 et 1741, vent, froidure et pluie sévissent en France et en Europe : les faux dégels causent bien du dommage sur les terres ensemencées, s’en suit disette, sous alimentation et épidémie.

Rassurez vous Marie-Anne Dupont et sa sœur Charlotte survivent, un grand oncle Jean Hauteur et un oncle Antoine Dupont veillent sur elles et tentent de les établir.

Une trace ordinaire, pour un couple simple, un peu moins ignoré.


       Retrouver cette famille     


Sources
AD 02 Barisis BMS
Indices Geneanet milou02 

samedi 18 mai 2024

Claude Dupont scieur de long

En piste pour une rencontre ancestrale à Barisis aux Bois, dans l’Aisne actuelle, commune lovée dans un écrin de forêts où se cachent de nombreux ancêtres : Claude Dupont (sosa 1660) a les oreilles qui bourdonnent avec ces quelques lignes.

Trace est gardée de son passage sur notre terre dans les registres paroissiaux, fils des défunts Robert et Jeanne Dauthuile, dans la petite église paroissiale, Claude âgé de 27 ans est solennellement marié le 14 novembre 1695 avec Marie Magnier ou Meunier (sosa 1661) veuve de 34 ans.


Débarquent au foyer Jacques (sosa 830), Antoine, Charles, Marie et Pierre, trace est gardée de leurs baptêmes entre 1696 et 1704, l’aîné est mon lointain grand-père.

Le temps file, Claude Dupont assiste aux mariage des quatre aînés, le temps s’arrête trop tôt en 1727 pour son épouse Marie, mais sa vie continue après ses secondes noces avec Yolaine Pannequin veuve.

Son temps s’achève le 24 décembre 1740, muni des derniers sacrements, entouré des siens, fils et petits-fils émargent son acte d’inhumation le même jour veille de Noël. Il était scieur de long, âgé d’environ 70 ans.


Gallica extrait planche sur le scieur de long

Quel métier épuisant que celui de mon aïeul Claude, métier reconnu en tant que tel depuis le 15ème siècle, exercé en itinérance à travers tout le Royaume de France, où en sédentaire dans son cas, savoir-faire transmis de génération en génération.

Sa tâche, avec d’autres compagnons, vise à transformer un tronc en planches. Le doleur avec une hache équarrit la pièce de bois, puis trace une ligne de coupe avec une corde trempée dans un mélange de cendres et d’eau qui laisse une ligne noire sur le tronc.

La scie de long ou scie à déligner est une grande scie à refendre le bois, conçue pour couper le bois dans le sens du fil de bois, ses dents affutées agissent comme un petit rabot qui retire un copeau.

Cette lourde scie est maniée par deux personnes : le chevrier qui se trouve debout en haut de l’échafaudage et le renardier qui se trouve en dessous et se protège ses yeux de la sciure par un grand sac ou un chapeau. Le chevrier remonte la scie, qui descend ensuite de son propre poids, aidée par l'impulsion du renardier.

Un travail d’équipe que celui de scieur de long, du matin au crépuscule, pour Claude Dupont, ses compères, et ses fils.

Travail judicieusement observé et mis en mots choisis et termes ciselés par un chansonnier et poète du 19ème siècle Pierre Dupont, amoureux du Forez, terre de scieurs de long, ceux qui partaient dans tout le pays, je vous propose d'écouter le poème sur le scieur de long. 


Cliquer pour agrandir

Cliquer pour agrandir




Retrouver son fils Jacques 


Sources 
AD 02 Barisis BMS et Geneanet pseudo milou02
Pierre Dupont 1821-1870 Chansonnier et poète 
Poème extrait de Chants et chansons, poésie et musique volume 4 


samedi 20 avril 2024

Révérend Rémy Vernier chanoine

Bien m’en a pris de ne pas laisser au bord du chemin, Révérend Messire Rémy Vernier chanoine et prêtre, lointain grand-oncle à la douzième génération dans une famille enracinée en terre de Savoie à Montvernier.

Révérend Messire Rémy vous êtes fils de feu Hugues Vernier et de Jeanne Humille avec deux frères aînés et deux frères cadets, en fait foi un précieux partage. Cinq garçons arrivés à l’âge adulte en ce milieu du 17ème siècle et aussi trois filles dont une seule se marie.

Votre acte de baptême a disparu, comme celui vos cadets car situé entre 1640 et 1646, tandis que trace en est gardée pour les baptêmes de vos sœurs.

Dois-je penser à des jeux partagés avec vos frères Jean Cosme, Philippe, ou avec Jean et François tous deux mes ancêtres, ou plus sûrement des travaux et tâches adaptés à vos âges respectifs dans ce village de montagne où orge et seigle sont semés, la vigne cultivée et les vergers présents.

© Montagnicimes Montvernier et la vallée 

Où avez-vous appris à lire et à écrire, car à votre époque Montvernier n’a pas d’école créée à l’initiative de l’assemblée des villageois, ou par une fondation d’une œuvre pieuse. Certains parents se cotisaient peut-être pour payer un maître quelques mois de l’année, mystère. Vous n’avez pas pour autant pas échappé aux cours de catéchisme du prêtre, a-t-il noté votre propension à la piété, votre intelligence, mystère.

A douze ans vous prenez le chemin du collège et séminaire de la Cité de Saint-Jean de Maurienne créé grâce aux dotations et libéralités faites par Monseigneur Pierre de Lambert, évêque de Maurienne en 1591, création incitée par le Concile de Trente de 1563 pour toute ville épiscopale.

Ce collège dénommé par la suite « Collège Lambertin » fournit un moyen facile de s’instruire aux jeunes gens de tous rangs et toutes conditions dès lors qu’ils sont enfant issu d’un mariage légitime.

Au départ les professeurs doivent être pris dans les rangs du clergé ou à défaut des laïcs suffisamment instruits, un ecclésiastique connaissant bien la musique leur est adjoint.

Le programme de vos études porte sur la grammaire, la philosophie, la rhétorique, et les humanités, sans omettre les exercices spirituels, prières et messes dans la proche cathédrale, certains de vos condisciples deviennent notaires, avocats, apothicaires ou médecins.

Après les études, l’état clérical vous attend avec une ordination à une date inconnue, tout comme votre lieu d'affectation comme prêtre.

Vous êtes prêtre et parrain en 1679 et 1682 à Montvernier lors des baptêmes de deux neveux, baptêmes qui témoignent de vos liens familiaux : Rémy fils de votre frère Philippe et Rémy fils de votre frère Jean Vernier.

Révérend Messire Rémy je confesse être parti à votre recherche par le biais de votre second filleul, mon ancêtre disparu assez jeune, et son surprenant inventaire après décès citant un sac d’actes notariés et le contenu des livres empilés dans un précieux coffre. Je subodorais alors un legs à l’énumération des titres édifiants.


Ces livres, vos livres, s’avèrent être en rapport avec votre position tels le catéchisme du Concile de Trente, le triomphe de la Croix, l’examen et la censure des bibles, le bon curé, le guide du pécheur. A côté de la philosophie universelle, les épitres choisis de Cicéron, l’art de la rhétorique, voisine le Parfait Notaire.

J’avoue m’être étonnée et renseignée sur deux titres :

- les remèdes charitables de Madame Fouquet, pour guérir à peu de frais toutes sortes de maux tant internes qu’externes, invétérés, qui sont passés jusqu’à présent incurables.

Marie de Maupéou épouse de François Fouquet magistrat au Parlement de Paris, mère de nombreux enfants dont Nicolas Fouquet surintendant des finances du Roi Louix XIV, avait une grande connaissance de la médecine des simples et confectionnait elle-même de nombreux remèdes qu’elle administrait à ses protégés.

- les secrets du Révérend Seigneur Alexis Piémontois contenant excellents remèdes contre plusieurs maladies, plaies avec la manière de faire distillation, parfums, confitures, teintures, couleurs traduit de l’italien.

Avez-vous tenté de soulager vos paroissiens et contemporains. à défaut de devenir apothicaire ? 

Et puis un jour vous avez rejoint le vénérable chapitre de la Cathédrale de Saint-Jean de Maurienne en tant que chanoine, une docte assemblée de près d’une vingtaine de personnes, assemblée croisée dans la salle capitulaire à l’occasion d’une quittance faite à Jean et François Vernier vos frères mes ancêtres.

© Wikipedia Stalles du chœur de la cathédrale de St Jean de Maurienne

Chanoine, vous disposez d’une stalle dans le chœur de la cathédrale, sur les hauts dossiers alternent apôtres, prophètes et saints populaires, sous l’assise relevable du siège une précieuse miséricorde sculptée d'un mascaron vous rend moins pénible la station debout pendant les nombreux et longs offices.

***
Révérend Messire, le 30 janvier 1699, le notaire vient dans votre maison capitulaire pour établir votre testament nuncupatif car vous êtes détenu de maladie dans votre lit, sain toutefois d'esprit de mémoire et d'entendement. Vous souhaitez disposer des biens qu'il a plu à Dieu dans sa divine bonté de vous prêter dans ce monde.

Après avoir fait le signe de la Croix, recommandé votre âme à Dieu le créateur, souhaité l’intersession de la glorieuse Vierge Marie, de tous les Saints et de votre bon ange gardien par Saint Rémy votre patron, vous dictez à Maître Berger vos desiderata.

Vous prévoyez la sépulture de votre corps dans les tombeaux des Révérends Chanoines de la cathédrale, et pour les funérailles vous vous en remettez à la volonté de vos héritiers, entendant néanmoins qu'il ne soit pas dérogé aux solennités accoutumées dues à votre égard.

Vous donnez 700 florins au chapitre de la Cathédrale pour la fondation d'autant de messes que le Vénérable Chapitre des Révérends Chanoines jugera à propos de faire célébrer annuellement et à perpétuité pour le salut de votre âme, somme que vos héritiers devront s’acquitter une année après votre décès. Un legs de 10 florins est prévu pour Monseigneur l’Evêque payable six mois après votre décès.

***
S’agissant de la dévolution de vos biens terrestres, permettez très lointain grand-oncle de m’en tenir à votre second testament, daté du jour d’après soit le 31 janvier 1699. Je ne sais si la nuit vous a porté conseil et les raisons de votre revirement.

Toujours est-il que vous maintenez le legs de 300 florins pour les enfants de votre frère feu Philippe Vernier, payable deux ans après votre décès sans intérêts, moyennant vous les excluez du résidu de votre hoirie.

A votre nièce Marie Vernier fille de votre frère François, vous léguez 400 florins payables une année après son mariage. Marie âgée de vingt ans est mon ancêtre, future épouse de Joseph Deschamps.

A vos nièces Françoise et Jeanne filles cadettes du même François, le legs est réduit de 400 à 200 florins, soit 100 chacune payables une année après leur mariage.

Vous donnez et léguez à vos deux neveux François Vernier fils de feu Jean Cosme et Rémy Vernier fils de Jean la part de bâtiments, place, vergers de Montvernier, 4 quartellées de terre vers la croix des Rameaux vers Montbrunal, plus des vignes.

Pour tout le reste vous nommez comme héritiers universels Jean et François Vernier vos frères par parts égales, et prévoyez des clauses de substitution, si François décède sans héritier mâle, et si vos trois nièces meurent sans enfants, leur part sera réversible sur les autres héritiers mâles.

Désormais Révérend Messire vous êtes en paix avec vous-même, après avoir exprimé vos préférences avec différents liens familiaux. Le temps vous est cependant compté, au mois de mars 1699 votre présence est attestée dans une séance du chapitre cathédral, mais en juin 1669 Claude Roche, prêtre de Villarembert, vous remplace et devient chanoine, le Seigneur vous a rappelé à Lui entretemps.


Je confesse avoir apprécié vous découvrir à travers différents actes notariés, vous êtes un lointain collatéral, un collatéral-clé à plusieurs titres, dont les legs à vos nièces toutes filles de votre frère François qui me confirment l'alliance de celui-ci, je vous en remercie très respectueusement. 


A suivre

Retrouver

Sources 

AD 73 Tabellion Saint-Jean de Maurienne
            1699 2C 2436 vues 208 et s
Gallica Histoire du collège Lambertin par l'abbé Rambaud
Gallica les deux livres cités
Google Books Travaux de la SHAM
             Chapitre de la cathédrale