samedi 1 octobre 2022

Le temps est venu

Parmi les nombreuses aïeules prénommées Marie de mon arbre généalogique, aujourd’hui est mise à l’honneur Marie Vernier sosa 1529 fille de François Vernier et de Jeanne Dusuel. Baptisée le 19 janvier 1679 dans la paroisse de Montvernier en Savoie, elle s’allie le 10 mars 1701 à Joseph Deschamps sosa 1528 fils de Jean-Louis Deschamps.

Cette lointaine ancêtre à la 11ème génération, enracinée dans un village de montagne, met au monde 6 enfants, dont seulement 3 atteignent l’âge adulte : Jeanne, Thérèse et Claude, les 2 cadets se sont mariés.

Marie Vernier connaît la fragilité de l’existence, des tout-petits enfants partis dans l’au-delà trop vite, sa belle-fille Damiane Durieux disparue trop tôt, obligeant son fils Claude à refaire sa vie en 1741.

Tiens, à peine Claude remarié, elle est soucieuse, pas très en forme, préfère se mettre en règle pour le futur tant vis à vis de Dieu que des siens.

Photo Pixabay

C’est ainsi qu’honnête Marie Vernier fille de feu honnête François, le cinquième jour du mois d’août 1741 après midi à Saint-Jean de Maurienne, en la maison canoniale de son beau-frère Révérend Messire Claude Deschamps des chanoines seigneurs de la cathédrale de la cité, a établi son testament nuncupatif.

Toujours est-il devant Joseph Dupré notaire royal, Marie mon aïeule « de son gré, parole, mémoire et bon jugement, bien que détenue de maladie corporelle fait son testament nuncupatif et dernière volonté nuncupative sans écrit, quoique par moi notaire il en soit rédigé, à sa prière et réquisition et à ses fins … »

Tarabiscoté ce jargon, que non ! Ce type de testament qui vient du latin « nuncupare » nommer, déclarer, est prononcé verbalement par la testatrice et rédigé par le notaire en présence de 7 témoins.

Marie « comme véritable chrétienne catholique apostolique et romaine fait sur son corps le signe de la croix et recommande son âme à Dieu, à la glorieuse Vierge Marie, à tous les saints et saintes de la cour céleste qu’elle invoque, et prie de bien vouloir intercéder pour obtenir la rémission de ses péchés et le salut de son âme. »

Pour ses dispositions funéraires, c’est-à-dire les messes et luminaire et sa sépulture, Marie Vernier s’en remet à la discrétion de Joseph Deschamps son mari et de son héritier universel persuadée qu’ils s’en acquitteront avec honneur.

AD 73 Tabellion St-Jean 1741 extrait 

A ce stade, le notaire a l’obligation d’exhorter la testatrice à léguer quelque chose aux hôpitaux de l’Ordre de Saint Maurice et Saint Lazare de Turin et aux autres hôpitaux de Savoie. Que non, Marie n’a pas l’intention de faire un legs pieux à cet ordre.

Mais elle donne et lègue à la vénérable confrérie du Saint Sacrement de Montvernier 3 livres, ainsi que 30 sols à la confrérie des Carmes et 30 sols à la confrérie du Rosaire toutes deux de la paroisse. Tiens donc, je découvre trois confréries de dévotion et d’assistance pour cette paroisse de 500 âmes environ.

Mon aïeule prévoit des legs particuliers à ses filles Jeanne et Thérèse, cette dernière femme de Jean-Baptiste Tronel, elles recevront chacune la somme de 300 livres payable la moitié un an après le décès de son mari Joseph et l’autre moitié une année après son décès le tout sans intérêt.

Enfin, elle fait de sa propre bouche son héritier universel son fils Claude Deschamps sosa 764 mon ancêtre. Si cette désignation d’héritier universel est importante, elle est aussi frustrante pour les lointains descendants car elle nous prive d’une énumération des biens.

En notaire consciencieux Joseph Dupré recueille les signatures de quatre chanoines et prêtres de la cathédrale, ainsi que celles d’un maître chirurgien de la Cité et de deux praticiens, la testatrice ne sait pas signer.

La présence de plusieurs ecclésiastiques pour un acte passé dans la maison canoniale d’un parent chanoine me paraît logique, tout comme la qualité des autres témoins, comme un entre-soi, enfin ceux qui sont lettrés et demeurent dans la Cité.

Mon ancêtre Marie Vernier est-elle vraiment souffrante, sachant qu’il y a de deux bonnes heures de route à pied entre Montvernier et la cité de Saint Jean de Maurienne, le notaire emporté par son élan - ou son modèle d’acte de testament - a pu mentionner « détenue de maladie » par habitude. 

Il lui reste encore huit années à vivre avant de s’éteindre à 70 ans le 5 juillet 1749 dans sa paroisse natale de Savoie, années pour voir naître et grandir ses petits-enfants dont Jean-François et Rémi. 

A bientôt 

 
Retrouver cette famille


Sources 
AD 73 
Tabellion Saint-Jean 1741 2C 2539 folio 895 vue 31
BMS Montvernier
Geneanet arbre pseudo Montvernier 
et indice arbre pseudo jglisse 

4 commentaires:

  1. J'étais inquiète pour Marie, heureusement elle avait encore quelques années à vivre.

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  2. Pseudo Montvernier5 octobre 2022 à 20:16

    Finalement elle aura survécu à son héritier universel de fils ! Qui alors a hérité de ses maigres biens ?

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    1. Merci pour la lecture attentive et cette bonne question ! La succession de Marie a vraisemblablement été recueillie par ses petits-fils Jean-François et Rémi.

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  3. Merci, j'ai moi-même Marie Vernier et Joseph Vernier dans mon ascendance....

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