Bien m’en a pris de ne pas laisser au bord du chemin, Révérend Messire Rémy Vernier chanoine et prêtre, lointain grand-oncle à la douzième génération dans une famille enracinée en terre de Savoie à Montvernier.
Révérend Messire Rémy vous êtes fils de feu Hugues Vernier et de Jeanne Humille avec deux frères aînés et deux frères cadets, en fait foi un précieux partage. Cinq garçons arrivés à l’âge adulte en ce milieu du 17ème siècle et aussi trois filles dont une seule se marie.
Votre acte de baptême a disparu, comme celui vos cadets car situé entre 1640 et 1646, tandis que trace en est gardée pour les baptêmes de vos sœurs.
Dois-je penser à des jeux partagés avec vos frères Jean Cosme, Philippe, ou avec Jean et François tous deux mes ancêtres, ou plus sûrement des travaux et tâches adaptés à vos âges respectifs dans ce village de montagne où orge et seigle sont semés, la vigne cultivée et les vergers présents.
© Montagnicimes Montvernier et la vallée |
Où avez-vous appris à lire et à écrire, car à votre époque Montvernier n’a pas d’école créée à l’initiative de l’assemblée des villageois, ou par une fondation d’une œuvre pieuse. Certains parents se cotisaient peut-être pour payer un maître quelques mois de l’année, mystère. Vous n’avez pas pour autant pas échappé aux cours de catéchisme du prêtre, a-t-il noté votre propension à la piété, votre intelligence, mystère.
A douze ans vous prenez le chemin du collège et séminaire de la Cité de Saint-Jean de Maurienne créé grâce aux dotations et libéralités faites par Monseigneur Pierre de Lambert, évêque de Maurienne en 1591, création incitée par le Concile de Trente de 1563 pour toute ville épiscopale.
Ce collège dénommé par la suite « Collège Lambertin » fournit un moyen facile de s’instruire aux jeunes gens de tous rangs et toutes conditions dès lors qu’ils sont enfant issu d’un mariage légitime.
Au départ les professeurs doivent être pris dans les rangs du clergé ou à défaut des laïcs suffisamment instruits, un ecclésiastique connaissant bien la musique leur est adjoint.
Le programme de vos études porte sur la grammaire, la philosophie, la rhétorique, et les humanités, sans omettre les exercices spirituels, prières et messes dans la proche cathédrale, certains de vos condisciples deviennent notaires, avocats, apothicaires ou médecins.
Après les études, l’état clérical vous attend avec une ordination à une date inconnue, tout comme votre lieu d'affectation comme prêtre.
Vous êtes prêtre et parrain en 1679 et 1682 à Montvernier lors des baptêmes de deux neveux, baptêmes qui témoignent de vos liens familiaux : Rémy fils de votre frère Philippe et Rémy fils de votre frère Jean Vernier.
Révérend Messire Rémy je confesse être parti à votre recherche par le biais de votre second filleul, mon ancêtre disparu assez jeune, et son surprenant inventaire après décès citant un sac d’actes notariés et le contenu des livres empilés dans un précieux coffre. Je subodorais alors un legs à l’énumération des titres édifiants.
Ces livres, vos livres, s’avèrent être en rapport avec votre position tels le catéchisme du Concile de Trente, le triomphe de la Croix, l’examen et la censure des bibles, le bon curé, le guide du pécheur. A côté de la philosophie universelle, les épitres choisis de Cicéron, l’art de la rhétorique, voisine le Parfait Notaire.
J’avoue m’être étonnée et renseignée sur deux titres :
- les remèdes charitables de Madame Fouquet, pour guérir à peu de frais toutes sortes de maux tant internes qu’externes, invétérés, qui sont passés jusqu’à présent incurables.
Marie de Maupéou épouse de François Fouquet magistrat au Parlement de Paris, mère de nombreux enfants dont Nicolas Fouquet surintendant des finances du Roi Louix XIV, avait une grande connaissance de la médecine des simples et confectionnait elle-même de nombreux remèdes qu’elle administrait à ses protégés.
- les secrets du Révérend Seigneur Alexis Piémontois contenant excellents remèdes contre plusieurs maladies, plaies avec la manière de faire distillation, parfums, confitures, teintures, couleurs traduit de l’italien.
Avez-vous tenté de soulager vos paroissiens et contemporains. à défaut de devenir apothicaire ?
Et puis un jour vous avez rejoint le vénérable chapitre de la Cathédrale de Saint-Jean de Maurienne en tant que chanoine, une docte assemblée de près d’une vingtaine de personnes, assemblée croisée dans la salle capitulaire à l’occasion d’une quittance faite à Jean et François Vernier vos frères mes ancêtres.
© Wikipedia Stalles du chœur de la cathédrale de St Jean de Maurienne |
Chanoine, vous disposez d’une stalle dans le chœur de la cathédrale, sur les hauts dossiers alternent apôtres, prophètes et saints populaires, sous l’assise relevable du siège une précieuse miséricorde sculptée d'un mascaron vous rend moins pénible la station debout pendant les nombreux et longs offices.
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Révérend Messire, le 30 janvier 1699, le notaire vient dans votre maison capitulaire pour établir votre testament nuncupatif car vous êtes détenu de maladie dans votre lit, sain toutefois d'esprit de mémoire et d'entendement. Vous souhaitez disposer des biens qu'il a plu à Dieu dans sa divine bonté de vous prêter dans ce monde.
Après avoir fait le signe de la Croix, recommandé votre âme à Dieu le créateur, souhaité l’intersession de la glorieuse Vierge Marie, de tous les Saints et de votre bon ange gardien par Saint Rémy votre patron, vous dictez à Maître Berger vos desiderata.
Vous prévoyez la sépulture de votre corps dans les tombeaux des Révérends Chanoines de la cathédrale, et pour les funérailles vous vous en remettez à la volonté de vos héritiers, entendant néanmoins qu'il ne soit pas dérogé aux solennités accoutumées dues à votre égard.
Vous donnez 700 florins au chapitre de la Cathédrale pour la fondation d'autant de messes que le Vénérable Chapitre des Révérends Chanoines jugera à propos de faire célébrer annuellement et à perpétuité pour le salut de votre âme, somme que vos héritiers devront s’acquitter une année après votre décès. Un legs de 10 florins est prévu pour Monseigneur l’Evêque payable six mois après votre décès.
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S’agissant de la dévolution de vos biens terrestres, permettez très lointain grand-oncle de m’en tenir à votre second testament, daté du jour d’après soit le 31 janvier 1699. Je ne sais si la nuit vous a porté conseil et les raisons de votre revirement.
Toujours est-il que vous maintenez le legs de 300 florins pour les enfants de votre frère feu Philippe Vernier, payable deux ans après votre décès sans intérêts, moyennant vous les excluez du résidu de votre hoirie.
A votre nièce Marie Vernier fille de votre frère François, vous léguez 400 florins payables une année après son mariage. Marie âgée de vingt ans est mon ancêtre, future épouse de Joseph Deschamps.
A vos nièces Françoise et Jeanne filles cadettes du même François, le legs est réduit de 400 à 200 florins, soit 100 chacune payables une année après leur mariage.
Vous donnez et léguez à vos deux neveux François Vernier fils de feu Jean Cosme et Rémy Vernier fils de Jean la part de bâtiments, place, vergers de Montvernier, 4 quartellées de terre vers la croix des Rameaux vers Montbrunal, plus des vignes.
Pour tout le reste vous nommez comme héritiers universels Jean et François Vernier vos frères par parts égales, et prévoyez des clauses de substitution, si François décède sans héritier mâle, et si vos trois nièces meurent sans enfants, leur part sera réversible sur les autres héritiers mâles.
Désormais Révérend Messire vous êtes en paix avec vous-même, après avoir exprimé vos préférences avec différents liens familiaux. Le temps vous est cependant compté, au mois de mars 1699 votre présence est attestée dans une séance du chapitre cathédral, mais en juin 1669 Claude Roche, prêtre de Villarembert, vous remplace et devient chanoine, le Seigneur vous a rappelé à Lui entretemps.
Je confesse avoir apprécié vous découvrir à travers différents actes notariés, vous êtes un lointain collatéral, un collatéral-clé à plusieurs titres, dont les legs à vos nièces toutes filles de votre frère François qui me confirment l'alliance de celui-ci, je vous en remercie très respectueusement.
A suivre
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Sources
AD 73 Tabellion Saint-Jean de Maurienne1699 2C 2436 vues 208 et s
Gallica Histoire du collège Lambertin par l'abbé Rambaud
Gallica les deux livres cités
Google Books Travaux de la SHAM
Chapitre de la cathédrale
Vous êtes pardonnée pour ces élans de curiosité dans les archives . Continuez ma fille ! ;-)
RépondreSupprimerQuelle bénédiction que ces actes notariés !
RépondreSupprimerAttachante cette famille Vernier...comme dit Briqueloup, continuez ma fille!
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