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samedi 15 janvier 2022

La femme le carrier et le chevreuil

Aujourd’hui une brève de presse qui date du 9 juillet 1837, fournie par un encart du Journal de la Ville de Saint-Quentin, à la rédaction délicieuse, Barisis aux Bois, commune du Département de l’Aisne lovée dans un écrin de forêts, est au cœur de l’action.

« On nous écrit de Coucy le Château :
« Le 2 juillet courant, vers quatre heures matin, un chevreuil d’assez forte taille se précipita en faisant grand bruit, dans une carrière de Barisis, habitée par le nommé Jérôme (Louis) tireur de pierres. Jérôme était encore au lit, se reposant des travaux de la veille, mais sa femme était déjà debout.

Au bruit fait par cet animal, dont elle ne peut reconnaître la nature toute pacifique, à cause de la grande obscurité de la carrière, cette femme craignant pour les jours de son mari, s’arme d’un grand courage et se précipite sur ce qu’elle prend pour un loup ; après une lutte de peu de durée, elle terrasse son adversaire.

Le mari réveillé arrive à son tour armé d’une pioche et tue d’un seul coup le visiteur matinal. »
« Que de femmes à la place de celle-ci eussent pris la fuite, se félicitant du heureux hasard qui pouvait les rendre veuves. »

Pixabay

Bon, monsieur épuisé, était encore au plumard, tandis que sa moitié était déjà au labeur, enfin un peu dans le noir ! Faible femme, elle est capable à mains nues de terrasser la bête, et son vaillant bonhomme - émergé de sa léthargie - achève avec un outil ce pauvre chevreuil échappé de la vaste forêt de Coucy et de Saint-Gobain.

Je vous laisse méditer sur l’allusion au veuvage de celui qui a écrit cet encart en 1837, correspondant local du journal ou « journaleux ». Le pauvre chevreuil a-t-il été restitué aux autorités, vendu ou cuisiné ?

Vous vous doutez que le tireur de pierres ou carrier est l’ouvrier qui travaille dans une carrière, mais vous ne savez pas forcément qu’à Barisis se trouvent des carrières dites « de Lentillières » et « de la Ville » comportant des habitations troglodytes dénommées « creutes » localement. Des familles modestes y demeuraient et tiraient profit de ces endroits en extrayant des pierres qui servaient à la réfection des chemins, parmi celle-ci nos protagonistes.

Soucieuse de dénicher le prénom dudit Jérôme et sortir sa femme de l’anonymat, j’ai lorgné sur le site de Généanet et repéré Jean Louis Jérôme né à Fresne en 1795 et marié à Folembray le 16 août 1814 avec Marie Catherine Rosalie Hery, heureux parents de 5 enfants nés à Barisis aux Bois.

Je ne sais si les descendants directs connaissent la mésaventure de leurs ancêtres, désormais je tiens une anecdote pour une lointaine collatérale Marie Catherine Rosalie Hery, collatérale à plusieurs titres. J’ai découvert que sa mère Marie-Marguerite Lançon veuve s’est remariée à un dénomme Jean Pierre Jérôme veuf, et ils ont incités leurs enfants respectifs à convoler ensemble !


La presse et Barisis


Sources 
Retronews : extrait de presse 
AD 02 EC Barisis Folembray
Geneanet arbre gdubray1

3 commentaires:

  1. Quelle aventure remarquable ! J'imagine la frayeur qu'ils ont dû avoir avant d'identifier l'animal 😅

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  2. Cette dernière phrase du "journaleux" aurait de nos jours été le point de départ d'une polémique qui aurait pu durer des semaines sur les réseaux... :))) Sympa d'être tombée sur cette anecdote !

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  3. Mais, j'aime bien cette dernière phrase qui en dit long sur l'attachement de cette femme à son mari.

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