Loin dans le temps, mon aïeul Thadée Clappier ouvre les yeux le 27 septembre 1634 à Villarodin au foyer de Daniel et Marie, juste après un petit Jean, ils sont des rescapés de la grande épidémie de peste de 1630-1631 qui a sévi dans la vallée de la Maurienne en Savoie.
Daniel Clappier le père, s’installe à Modane, avec Andrée il a 2 enfants en 1648 et en 1652, perd une petite Emerentienne dont le nom de la mère est inconnu, et établit sa fille Dominique Clappier en 1674 avec Jean Clappier.
Cette esquisse du cadre familial a nécessité recherches et vérifications pour une branche en haut de mon arbre, afin de situer mon protagoniste principal Thadée, et répondre à l’invitation du généathème de Geneatch sur un ancêtre aveugle ou malvoyant.
Thadée dont le prénom signifie courage, et le patronyme Clappier renvoie à un lieu rocailleux, s’unit d’abord avec Marie Albert en 1660, veuf avec 3 enfants, il convole cette fois avec Claudie Ramollon feu Claude mon ancêtre le 20 janvier 1670.
Sept autres enfants pour Thadée, l’aînée de son premier lit qui se marie, les années défilent, le souci de mettre en ordre ses affaires et voilà que j’écarquille les yeux sur une donation faite à sa seconde épouse.
AD 73 1697 Tabellion Termignon |
Le 26 juin 1697, devant Maître Floret notaire ducal et royal de Villarodin, honnête Thadée Clappier feu Daniel, de son plein gré a exprimé vouloir donner son augment de 60 florins de Savoye à honnête Claudie Ramollon feu Claude, pour assurer le futur de son épouse lorsqu’il ne sera plus.
Nouveau passage chez le notaire, Maître Joseph Dufour au village de Saint-André, on est le 6 mai 1698 pour la ratification d’une vente faite au profit d’honnête Michel Pinet feu Mathieu demeurant lui à Fourneaux.
Des formules ampoulées du notaire, il ressort qu’une vente d’une pièce de chènevière (1) est intervenue précédemment et qu’il convient de ratifier l’acquis certifiant le paiement de la valeur du bien, bref que tout s’est bien déroulé …
Mon ancêtre Thadée est présent, ainsi que Jean son fils de 19 ans issu de son premier lit, ce dernier intervient aussi pour le compte de ses sœurs Marie et Catherine, sous l’autorité de son père et ledit Jean Clappier est dit assister son père à présent aveugle.
Trouver cette mention dans un acte si ancien m’a émue, mon ancêtre est âgé de 64 ans en 1698, c’est un vieil homme pour l’époque, avait-il un glaucome ou la cataracte, une basse vision ou une cécité totale ? Mes questions resteront sans réponse.
Allez encore un acte du 23 août 1699 passé à Modane au Logis des Trois Roys, dont l’hôte (2) est Jean Pierre Ratel feu honnête Prosper, on y retrouve Thadée qui assiste en tant qu’époux Claudie Romollon, pour une ratification d’un contrat d’acquis.
Maître Michel Martin notaire officie, de ses phrases emberlificotées mais précieuses, je découvre dans cette ratification que Marie Mellurin est la mère de ma Claudie. Donc ladite Marie Mellurin alors veuve, pour assurer sa vieillesse a cédé à un Prosper Ratel en 1680 cinq modures (3) de terre moyennant 57 florins monnaie de Savoye.
L’épine dans cette affaire et que ces modures figuraient dans le contrat de mariage de sa fille passé antérieurement, ces parcelles étaient réservées à Claudie et devaient lui revenir à son décès, et donc ne pas être vendues à un tiers …
A première lecture, j’ai eu du mal à démêler ce sac d’embrouilles, puis j’ai imaginé les conciliabules de Thadée et Claudie, les tractations avec l’autre partie, et l’arbitrage et conseils du notaire.
Car avouons-le, Claudie était sur le point de livrer un procès à Jean Pierre Ratel feu Prosper comme héritier universel pour reprendre les 5 modures, non mais c’est à moi devait dire mon ancêtre.
Avec sagesse, voulant éviter les frais de dépens qui pourraient s’en suivre de part et d’autre, les parties ont convenu devant le notaire, en présence de témoins, d’un dédommagement au profit de mon aïeule Claudie qui reçoit 25 florins de Savoye remis devant ledit notaire par Jean Pierre Ratel. Thadée et Claudie sont dit ne pas savoir signer ce jour-là, mais tout est bien qui finit bien …
***
Thadée Clappier fermera les yeux le 13 septembre 1704 à Modane, autour de lui Claudie Ramollon et aussi leur fille Dominique, toute une vie dans des villages de montagne.
Ce noyau familial m’a bien occupé, il est moins anonyme et mérite une suite.
(1) la chènevière est un champ où on cultive le chanvre
(2) hôte dans le sens d'hôtelier et aubergiste
(3) la modure est une mesure de surface en Savoie
Sources
AD 73 BMS Villarodin - Modane
AD 73 Tabellion Termignon 1697 2C 2316 vue 486
St-Michel 1698 2C 2738 vue 27
St-Michel 1699 2C 2740 vue 7
Relevés GénéMaurienne
Généanet arbres arcval et mbarnier69
Bravo d'avoir réussi à lire et à comprendre toute cette histoire que tu racontes bien. Il faut avoir de bons yeux, n'est-ce pas !
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