Entre terres axonaise, mosellane et provençale, j’ai reconstitué le fil de vie de Félicité Sophie une enfant de Félicité Lefort ma lointaine grand-tante.
La maman est divorcée d’avec Jean Louis Demilly depuis le 16 février 1796 selon un acte dressé à Barisis dans l’Aisne.
La petite Félicité Sophie pousse son premier cri le 30 mars 1797, la déclaration de naissance faite à l'officier public par la sage-femme Marie Anne Godmet est un peu alambiquée : l’enfant est dite « une fille, que Jean Louis Demilly ci-devant capitaine en est le père (sic), et que Félicité Lefort sa femme (sic) en est la mère et reçoit les prénoms de Félicité Sophie ».
AD 02 Barisis Etat Civil 1797 |
Deux prénoms inscrits et pas de patronyme, et la vague impression qu’au village on n’était pas trop au courant de la séparation du couple, à moins que la sage-femme et les témoins aient voulu éviter des commérages vis-à-vis de l’enfant.
Honnêtement dans mon logiciel était noté Lefort, puisque le divorce d’avec du citoyen Demilly remontait à plus de 13 mois, en son absence qui plus est. Recherches et pointages m’ont fait découvrir des indexations pour la naissance de la petiote avec « Godmet » comme patronyme soit celui de la sage-femme, ou comme patronyme « Sophie » soit le second prénom.
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Dans le temps, qu’est devenue cette enfant naturelle d’une femme divorcée, puis remariée, qui se retrouve orpheline à 10 ans en 1807 ?
La réponse est toujours à Barisis dans l’Aisne le 13 décembre 1817, ce jour d’hiver Félicité Sophie fileuse de 20 ans et 8 mois épouse Jean Louis Charlemagne Henique un chanvrier de 31 ans veuf avec un petit garçon.
Ce jour-là l’acte est précis et clair « fille mineure, assistée de Jean-Baptiste Alexis Lefort chanvrier, nommé tuteur ad hoc de ladite Félicité Sophie, de par acte de consentement de famille passé devant Monsieur le juge de paix du canton le 5 du présent mois, ici présent et consentant, fille naturelle de défunte Félicité Lefort femme de Médard Grandin décédée le 22 septembre 1807, divorcée de Jean Louis Demilly le 16 février 1796 ».
Cette jeune mariée avec juste deux prénoms, sans patronyme, a donc pour tuteur son cousin germain mon ancêtre, ce que je découvre.
Jeune veuve de 25 ans, Félicité Sophie ma lointaine cousine se remarie avec Pierre Louis Pasques ouvrier de 27 ans, un jour d’hiver le 16 janvier 1823. Deux filles naissent rapidement à Barisis : Hortense Ambroisine et Eléonore Félicité.
Et triste trouvaille, elles décèdent à La Fère en 1827 toutes jeunettes, peu après la naissance d’une enfant sans vie, là dans les actes la mère est désignée comme Félicité Sophie Demilly (sic). La mention d’un patronyme pour la mère peut s’expliquer pour des raisons de respectabilité du couple.
Le lieu est différent, une ville de tradition militaire, siège d’une école royale d’artillerie et le père Pierre Louis Pasques est désormais canonnier au 4ème régiment d’artillerie en garnison.
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Ensuite cap sur la Moselle car il faut défendre les frontières du pays, à Corny, le couple accueille dans son foyer le 8 mai 1831 une petite Julie Félicité Pâque, papa a pris du galon le voilà maréchal des logis et maman se nomme Demilly bien sûr.
L’année suivante encore en Moselle, à Sarrebourg cette fois, naît le 8 décembre 1832 Julie Augustine Pasques. Pasques, Pâques, Dumilly, Dumillé il faut se faire une raison.
Plus tard ma petite famille se cache au bord de la Méditerranée, dans les Bouches du Rhône à La Ciotat, ville où se développent les chantiers navals. Jour de fête le 30 août 1848 : Julie Félicité Pâque couturière de 17 ans se marie avec Jacques Bézie un ouvrier serrurier né en Charente.
Papa est toujours maréchal des logis d’artillerie et maman sans profession avec son patronyme d’usage. Comme témoins ont été recrutés un ajusteur, un pâtissier, un sous-brigadier des douanes et un journalier.
Jeune veuve Julie Félicité Pâques convole à nouveau le 16 mai 1855 avec Louis Claude Joseph Boisson un ajusteur né à Orléans fils d’un agent de police. Son père est dit cette fois maréchal des logis d’artillerie à la retraite.
Née en Moselle, elle opte le 30 septembre 1872 pour la nationalité française qu’elle entend conserver avec l’autorisation de son époux, en application du traité de Francfort de 1871 et de l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Allemagne.
Entre-temps, sa sœur Julie Augustine Pasque, repasseuse de son état, est décédée le 26 février 1864 à La Ciotat.
De même son père Pierre Louis Pâque a rendu son dernier soupir le 13 décembre 1865 âgé de 71 ans. En tant que sergent à la 4ème compagnie de canonniers vétérans, il bénéficiait d’une pension pour une durée de services de 35 ans 6 mois et 16 jours. Il était aussi titulaire de la médaille de Sainte-Hélène pour la campagne de 1813-1814.
« La médaille de Sainte-Hélène est instituée par décret de Napoléon III, le 12 août 1857, sous le Second Empire. Elle est dédiée aux « compagnons de gloire » de Napoléon 1er dans les « campagnes de 1792 à 1815 », afin de satisfaire en partie les dernières volontés de Napoléon Bonaparte telles que rédigées dans son testament à Sainte-Hélène. Elle est considérée comme la première « médaille commémorative » française ».(1)
Sa mère Félicité Sophie dite Demilly s’éteint le 17 mars 1883 âgée de 86 ans entourée des siens. Ainsi se tourne une page d'une lointaine cousine au patronyme d'usage, page qui sera peut-être réouverte un jour par des descendants directs.
Voilà ma petite famille bénéficie d'un billet enfin bouclé sur la suggestion du Généathème d'avril de Geneatech de terminer un brouillon.
Retrouver cette famille
Sources
AD 02 Barisis et La Fère
AD 57 Corny et Sarrebourg
AD 13 La Ciotat
Relevés Filae et Geneanet
(1) Wikipedia
Belle recherche ! Au-delà des différents patronymes des sa vie, elle a su porter et transmettre le beau prénom Félicité qui félicite et engage au bonheur .
RépondreSupprimerUne belle enquête menée de main de maitre
RépondreSupprimerÀ défaut de nom elle avait un bien joli prénom, cadeau de sa mère, qu'elle n'a pas hésité à transmettre.
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