samedi 9 janvier 2021

Entre gendarmerie et hameau

Pour le premier billet de l’an neuf, j’ai choisi deux évènements porteurs d’espoir, deux entrées dans le monde et pas n’importe lesquelles. 

En cette fin d’année 1886, une dépression rapide avec de violentes rafales avait balayé le 26 décembre les îles britanniques avant de toucher la moitié nord de la France en se décalant vers l’est. L’Angleterre ensevelie sous la neige, des poteaux télégraphiques détruits et les paquebots bloqués dans les ports, se trouva isolée du continent. A Paris les vents occasionnèrent d’importants dégâts matériels et paniquèrent les animaux de la ménagerie de la Porte Maillot… 

Le 27 décembre la neige s’attarda sur le nord-est du pays, puis la pluie et le redoux furent au programme, comme la préparation du réveillon de la Saint-Sylvestre et notamment à Hirson dans l’Aisne, bourg situé à proximité de la frontière belge. 

Delcampe - Hirson Rue Alexandre Dumas et gendarmerie 

Je ne sais qui de la maréchaussée locale étaient les gendarmes de permanence, toujours est-il que le 31 décembre 1886 rue Alexandre Dumas où était implantée la gendarmerie, à l’étage des logements de fonction, il y avait de l’effervescence, de l’attente, de l’anxiété, de l’émotion. 

Un locataire officieux au foyer de Clotilde Anatalie Lescouet et Jean-Baptiste Adolphe Mercier, gendarme de son état, s’apprêtait à pousser son premier cri : à onze heures du soir exactement. Le couple marié depuis plus de 6 ans accueillait leur premier et unique enfant, un fils prénommé Emile Octave Georges : la maman âgée de 32 ans saurait s’en occuper, elle qui était l’aînée d’une fratrie de 10 enfants. 

Je ne sais si l’heureux père de 34 ans déboucha plusieurs bouteilles pour fêter cette naissance, toujours est-il que le surlendemain 2 janvier 1887 à 10 heures, il alla déclarer l’enfant à la mairie d’Hirson flanqué de deux gendarmes, deux collègues François Cuvellier 40 ans et François Poix 27 printemps. 

Je ne sais si Emile eut l’occasion de trottiner dans la rue Alexandre Dumas faute de situer avec précision les dates des différentes mutations de son gendarme de père originaire de Barisis, tandis que sa mère est originaire de Watigny. 

Premiers mois à Hirson pour Emile, premiers mois en Thiérache et à plus 700 kilomètres de là en terre drômoise quelque temps plus tard en 1888. 


AD 26 Extrait cadastre Montmeyran Les Dorelons

Une nuit de début de printemps le 28 mars 1888 aux hameau des Dorelons à Montmeyran, il y avait de l'agitation au foyer de Jean Pierre Arnoux cultivateur de son état, son épouse Noémie Olympe Lagier était « en travail ». L’attente il connaissait déjà le père et l’exclusion aussi … Désirée son aînée très raisonnable surveillait sa sœur Fanny et son petit frère Bénoni qui allait perdre son rang de cadet. 

L’enfant pointa son nez à 9 heures du matin : Isabelle était son seul prénom choisi par Noémie la maman de 38 ans, sa mère l’inscrira sur la page de garde de la Bible familiale. Le même jour, bien emmaillotée, la petiote était présentée au Maire de Montmeyran par son père Jean Pierre Arnoux 45 ans, avec comme témoin le précieux Elie Cornand 66 ans ancien instituteur et Elie Masserole lointain cousin le garde-champêtre 42 ans au compteur. 

Cette année-là se poursuivait la construction de la Tour Eiffel à Paris en vue de l’exposition universelle qui devait prochainement se tenir. L’été 1888 très frais compliqua les récoltes, localement à Montmeyran, le Gymnase civil de Valence donna une séance de gymnastique avec intermèdes par la fanfare de Beaumont les Valence. Le produit d’une quête a été versé aux pauvres et le maire s’engagea à créer une société de gymnastique et un cours pour les écoles. 

J’ignore si cette promesse fut tenue par l’édile de Montmeyran, mais Isabelle Arnoux alla bien à l’école celle du hameau des Dinas, et même un peu plus. Ma grand-mère maternelle devint institutrice et fraiche et émoulue diplômée se retrouva nommée en terre axonnaise, où elle se laisser conter fleurette par Emile Mercier mon grand-père maternel devenu instituteur. 

Deux lieux de naissance, lieux de première enfance ou d'enfance.      


Retrouver Isabelle et Emile 


Sources 
Tempêtes Meteo France 
Retronews Le Petit Marseillais 3 juillet 1888

4 commentaires:

  1. Voilà deux bien jolies nouvelles pour commencer l'année ! C'est très bien raconté.

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  2. Très joli récit. J'aime beaucoup lorsque l'on mêle à l'histoire familiale les faits de l'Histoire, et même les informations météorologiques de l'époque :)

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  3. Alors, ce que je sais, moi, c'est que Fanny Nésida écrit des récits auxquels on veut croire !

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  4. Belle histoire pour débuter l'année de manière positive !

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