Une main ridée, celle de ta grand-mère, un petit pied tout neuf, le tien ma petite Catherine, à qui je viens dire bonjour à l’occasion du généathème de juin suggéré par Geneatech ICI, et du rendez-vous ancestral mensuel, ce bonjour se déroule du côté de l’Aisne.
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Ma petite quintaïeule, le 17 mars 1827, ton arrivée sur terre provoque de l’effervescence dans la maison de Jean-Baptiste Alexis LEFORT et Marie Catherine Florentine DARDENNES tes grands-parents (sosas 102 et 103). Agitation, cris de douleur, plusieurs femmes s’affairent autour de ta mère Pélagie Anastasie LEFORT (sosa 51), elle est jeune, c’est long, on s’inquiète, la sage-femme fait appel à son époux Joseph LEDIEU chirurgien, et puis à 11 heures du soir c’est la délivrance, tu pousses ton premier cri.
Toi enfant naturel, née de père inconnu tu passes ta première nuit dans la maison où ta mère a grandi, Pélagie n’a pas été mise à la porte par les siens, en dépit des remontrances et colères… Seule Pélagie sait si elle a eu un moment d’insouciance l’été d’avant, un galant tentateur, oh non pas un malotru !
Le lendemain le maire de Barisis reçoit la déclaration de ta naissance, avec le comparant Joseph LEDIEU chirurgien, 57 ans, accompagné de Jean-Louis FONTAINE charron âgé de 38 ans ton grand-oncle, et de Jean-Baptiste LEFORT tisserand, âgé de 23 ans ton oncle ma petite Catherine.
Prénom choisi à la va-vite, en référence à ta grand-mère ou à ta tante comme marraine, je ne sais, le prêtre a certainement esquissé une moue lors de ton baptême ma petite quintaïeule.
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Ragots, quolibets, fille perdue, bâtarde, Pélagie ta mère n’en a eu cure, elle a retroussé ses manches pour travailler, t’élever, t’envoyer à la petite école. Le père LEFORT a veillé au grain, cherché à établir ta mère, quelqu’un qui accepte un enfant.
Tu as six printemps, lorsque le 15 mai 1833, tu vois ta mère vêtue d’une robe neuve se diriger vers la mairie. Pélagie ouvrière âgée de 24 ans s’unit à Joseph Auguste DEMILLY, valet de charrue originaire du village voisin, 29 printemps au compteur, vêtements et chapeau bien brossés. Pour cette cérémonie un mercredi à sept heures du soir, les parents LEFORT sont présents et consentants.
Sur l’acte de mariage, ton grand-père fait sa signature habituelle un peu maladroite, il se dit cultivateur cette fois-ci, l’oncle du marié fait un beau pâté sur l’acte, ton oncle charron est encore là, l’instituteur témoin est au top pour son paraphe, les protagonistes principaux ne savent pas signer.
AD 02 Barisis Etat-civil extrait mariage 1833 |
Et puis, les mois ont défilé, vous êtes resté trois au foyer, Pélagie et ton beau-père n’ont pas eu d’enfant. Stérilité maternelle après un accouchement difficile, ou celle de monsieur, je ne sais.
Barisis, ton monde c’est un village de 1200 âmes environ, un peu à l’écart des routes fréquentées, village lové dans un écrin de forêts, des champs de froment, de seigle et d’avoine, des vergers avec des pommiers pour le cidre, sans omettre le chanvre dans les endroits humides, chanvre dont la culture décline au 19ème siècle.
A fréquenter les tiens Catherine, j’ai croisé tant et plus des chanvriers, des fileuses, des tisserands, des marchands de chanvre, comme ton grand-père à une époque ou ton arrière-grand-père, une véritable dynastie, les LEFORT sur 6 générations, pas moins !
Et puis les années ont défilé, je vous retrouve tous les trois, très officiellement le 18 janvier 1848, lors de ton propre mariage ma petite Catherine LEFORT, à 20 ans et l0 mois, fileuse, tu convoles avec Jean-Baptiste MERCIER un chanvrier de 24 printemps. Et la mention fille naturelle réapparait, ta mère Pélagie est consentante, beau-papa est témoin, tout comme le père LEFORT ton grand-père toujours vaillant et désormais propriétaire.
Ces grands-parents qui ont veillé sur ta mère et sur toi, ont connu certains de tes enfants, cela me plaît de savoir que mon arrière-grand-père Jean-Baptiste Adolphe a pu écouter leurs histoires, être tenu sur leurs genoux, ou être réprimandé à l’occasion.
Oh c’est une rapide esquisse, pour te dire bonjour Catherine et saluer Jean-Baptiste. Mes ancêtres, dits sosas 25 et 24, chers à mon cœur, vous êtes mes premières vraies trouvailles en terre axonaise, sources d’émotion, d’autant qu’elles corroborent des souvenirs maternels.
A une autre fois.
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"une rapide esquisse" pleine de tendresse ...
RépondreSupprimerRapide, mais quelle émotion est sous-entendue dans les mots.
RépondreSupprimerJ adore ton texte, bien écrit, bien contextualise et emprunt de poésie
RépondreSupprimerUn magnifique récit plein d'émotions
RépondreSupprimerbravo, texte tout en douceur !
RépondreSupprimerTrès beau, texte, comme, moi aussi, j'ai des racines à Barisis aux bois et que mes aïeux étaient cordiers en chanvre et en Tille je les ai aperçus près de Catherine....
RépondreSupprimerHeureuse que ces lignes aient une résonance particulière pour vous
SupprimerTrès joli texte, tout en tendresse
RépondreSupprimerTrès belle façon de rendre hommage à vos ancêtres.
RépondreSupprimerTrès joli texte… plein d amour et de respect pour tous les enfants né(e)s de père inconnu et au beaux papas merveilleux qui ont su s occuper de ces enfants qui n avaient rien demandé et qui ont du se construire malgré tout ! 😘😘😘😘
RépondreSupprimerIl est vraiment très beau ce texte, et particulièrement touchant.
RépondreSupprimerC'est un très beau texte joliment écrit pour conter une émouvante histoire. J'adore.
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