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jeudi 7 avril 2022

Bisbille fatale au village

Naviguer entre plusieurs sources : une dose de presse ancienne, un soupçon de registre d’état-civil, et voilà mon clavier qui se réveille pour relater une bisbille fatale dans un lieu où vécurent mes ancêtres.

Un article pioché dans « Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne du 24 octobre 1897 » avec des tournures un peu datées, mais un vocabulaire précis, permet au lecteur d’imaginer l’incident malencontreux, dont un des protagonistes est un lointain collatéral.


« Une scène de meurtre, qui a été bientôt connue dans le village de Barisis, où elle a, comme bien on pense, défrayé les conversations depuis quelques jours, s’est produite mardi, vers 3 heures de l’après-midi, aux abords de la ferme de Buin, exploitée par la société sucrière de Barisis.

Deux ouvriers, Louis-Edouard Painvin, âgé de 57 ans, et Constant Jérôme dit Lucas âgé de 69 ans, tous deux demeurant au hameau de Berganouste, travaillaient avec divers camarades à l’arrangement d’un silo de betteraves sur le bord de la route.

Ils avaient pris le café ensemble à midi, mais selon, la détestable habitude de beaucoup de gens qui s’imaginent qu’un café sans goutte ne vaut pas le diable, ils avaient fortement assaisonné leur breuvage. Ils étaient donc assez excités lorsqu’ils reprirent leur travail, et une dispute sans importance s’éleva entre eux. On s’envoyait des mots piquants, on se répondait de même, Jérôme, à moins que ce ne soit Painvin qui avait commencé, en vint à reprocher à Painvain d’avoir été condamné pour vol, l’autre riposta qu’il l’avait été lui-même pour braconnage, et tout aussitôt, on passa aux violences.

- Répète un peu dit Jérôme, et ce disant, il éleva sa grande fourche qui sert à pelleter les betteraves, et il en porta, à plat, un furieux coup à la tempe gauche de Painvin, Painvin tomba à la renverse, mais cette chute ne calma pas Jérôme, qui envoya dans la poitrine de son camarade deux coups de pied.

On s’empressa autour de ce malheureux, on le releva et comme la tête paraissait ne plus tenir sur les épaules, on s’imagina qu’il avait les vertèbres cervicales brisées. M. le docteur Prévot, de Chauny, mandé par dépêche, constata que Painvin avait été assommé et que si la mort n’avait pas immédiatement suivi, elle était fatale. Painvin en effet est mort vers 5 heures du soir, sans avoir repris connaissance.

M. le maire de Barisis, informé du meurtre, fit les diligences désirables et mercredi matin, M. Carré, juge de paix, son greffier et cinq gendarmes de la brigade de Coucy arrivaient aux Carrières, où ils procédaient aux informations judiciaires.

Jérôme qui s’était enfuit et était rentré dans la nuit à son domicile, a été arrêté sans résistance. Ce n’est point paraît-il un mauvais homme, il était très camarade avec Painvin, mais tous deux avaient la réputation de se livrer à la boisson ».

Dans le registre d’état-civil de Barisis aux Bois, à la date du 19 octobre 1897, figure la déclaration de décès d’Edouard Painvin faite par son beau-frère et le garde-champêtre. Le malheureux manouvrier décédé à son domicile, était le fils de Théodore Painvin et Louise Gosset, et s’était marié dans le village avec Marie Félicité Aimable Pétral. L’acte dressé par le maire est réglementaire et ne comporte aucune allusion aux causes du décès.

Je ne sais ce que furent les conclusions de l’enquête, et si le dénommé Jérôme, auteur de coups et blessures sans intention de donner la mort, passa en jugement.

Toujours est-il que mon lointain collatéral Auguste Constant Jérôme âgé de 77 ans (en fait 73 ans) est présent au village voisin de Folembray, lors du remariage le 6 juin 1903, de son fils prénommé Paul Jérôme Jérôme (sic).

La signature du père est particulièrement hésitante dans tous les actes le concernant, qualifié de carrier puis de manouvrier, il est possible que sa manie de braconnage ait été transmise à son fils prénommé Paul Jérôme si on se réfère aux annotations de la fiche matricule de ce dernier…

Mon trop dynamique collatéral Auguste Constant s’avère être le fils de Marie Catherine Rosalie Héry vaillante héroïne du billet la femme le carrier et le chevreuil, passez donc la voir !



Sources
Gallica : presse ancienne
AD 02 Etat-Civil Barisis et Folembray
AD 02 Fiche matricule
Geneanet arbre gdubray1



7 commentaires:

  1. Heureusement qu'ils étaient camarades !

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  2. Je pioche également une grande partie de mes anecdotes dans le guetteur de St Quentin, une véritable mine !
    bravo

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  3. Moralité : si on boit un café avec un camarade, il faut éviter la goutte (de trop !).

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  4. Je corrige : C'est le hameau de Bernagousse à Barisis-aux-Bois et non Berganouste.

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  5. Le Guetteur est incontournable pour moi et mes Axonais. Bonne pioche ici !
    Tiens d'ailleurs, Painvin est un patronyme qui me parle, sauf que chez moi c'est Painetvin.

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  6. J'adore "les tournures un peu datées" que l'on trouve dans la presse ancienne ;) Sacré fait divers...!

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