Avec Françoise Barnier, notre ancêtre de Noël 1716 et les siens, dont un grand-père qui flirte avec l’an 1630, glisser dans le temps pour découvrir l’histoire de Chabeuil en Dauphiné, s’imposait.
Un vénérable érudit, à l’habit de drap de bonne facture, s’appuyant sur une canne au pommeau arrondi, était tout disposé à combler mes lacunes, écoutons cet homme imaginaire et loquace.
Gallica carte de Cassini centrée sur Chabeuil |
La cité de Chabeuil est située sur l’une des voies de communication qui relie la plaine de Valence au Vercors et également sur la route de Lyon à la Provence, elle s’est développée entre la rivière la Véore et la colline de la Gontarde sur laquelle a été édifié le château féodal et, juste à côté, l’église Saint-Andéol dont il ne reste que l’ancien clocher.
Le bourg médiéval était ceint à l’origine d’un rempart de pierre de molasse percé par trois portes pour sortir de la ville, ce rempart était entretenu grâce à un impôt, le vingtain, correspondant au paiement en nature d’un vingtième des revenus des habitants.
Vous trouverez une petite rue dénommée vingtain, mais plus de trace du château, le temps a fait son œuvre, le rempart s’est écroulé, sauf quelques pans sur lesquels s’adossent des maisons et la moitié d’une tour qui faisait partie du système défensif.
Là, dernière nous, subsiste la seule et principale porte fortifiée construite avec d’épais moellons, sous la voûte, la rainure de la herse est toujours visible.
Chabeuil |
Voilà pour les lieux, sur le plan historique notez le blason de notre fière cité « d’argent et dauphin de sable ». Il est en lien avec Humbert II dernier des Dauphins du Viennois qui, sans héritier, céda ses Etats au roi de France en 1349 par un acte dit « de transfert du Dauphiné ». Désormais le fils aîné du roi portera le titre de dauphin, c’est Louis futur roi Louis XI
A la fin du XVIIème siècle, le Dauphiné ne se distingue plus des autres provinces françaises, son intégration au royaume de France est terminée. Chabeuil subit les malheurs des guerres, des troubles religieux, des exactions de soldats, ainsi que la peste, et les affres de la nature avec les inondations de la rivière Véore. La cité eut à cœur de se relever, malgré le poids des dettes et les charges des garnisons.
Savez-vous qu’en ce même XVIIème siècle, le prince de Monaco, Honoré II de Grimaldi, reçoit du roi Louis XIII, puis du roi Louis XIV, outre le Valentinois, les terres de Chabeuil en reconnaissance des services rendus à la couronne.
Honoré II Grimaldi © Musée de Versailles |
Le prince de Monaco fit placer ses armoiries sur les portes de la ville et effectua une visite en 1658, il y fut reçu avec beaucoup de pompe et de solennité, on avait dressé un arc de triomphe devant la principale porte, qui elle-même était ornée de guirlandes de buis et de fleurs entourant l'écusson du prince. Afin de subvenir à toutes les dépenses occasionnées par la présence du prince et de sa garde d'honneur, la cité dut contracter un emprunt, hélas.
Les consuls nouvellement élus lui demandèrent son agrément avant d'entrer en charge, on le consultait sur les affaires importantes de la communauté, sans que cependant son avis servît toujours de règle de conduite. Chabeuil continua à se régir par son châtelain, ses consuls et ses assemblées générales, son budget et les rôles d'impositions étaient réglés par le gouverneur du Dauphiné. A peu de chose près, la souveraineté du prince de Monaco était purement honorifique et ce jusqu’à la Révolution.
Sachez qu’un recensement ecclésiastique donnait 3500 âmes pour Chabeuil, 2800 catholiques et 700 protestants, ou anciens protestants, plus ou moins convertis après la Révocation de l’Edit de Nantes en 1685.
Située sur un axe majeur de communication, la cité prospérait grâce au commerce du cuir, du drap, puis du papier. Aux XVII et XVIIIèmes siècles, de nombreux produits sortaient du quartier de Rencurel, et allaient porter au loin le nom de ses mégissiers, un quart de la population se livrait à ce genre de travail, qui devenait pour le pays une source de richesses et de prospérité.
Dans les manufactures de draps, se fabriquaient ce qu'on appelait alors des draps-forts, mi-forts, des draps façon de Sceaux, des ratines, des estamets, des cordelats, des finettes.
Le canal des moulins traversait toute la vieille ville du nord au sud et alimentait des moulins à farine, des battoirs à chanvre, des foulons à draps, de petites papeteries et des filatures à soie.
Allez déambuler au cœur de cette cité à peine évoquée, allez écouter ce monde disparu, allez questionner ces invisibles, et toquez à leur porte, telles sont les suggestions de mon vieil érudit, un homme de l’ancien Régime. En route donc !
Sources
Abbé Vincent Notice historique sur Chabeuil 1847 sur Gallica
Jacques Lovie Une cité millénaire Chabeuil 1980
Voilà une visite historique qui donne envie que l'on s'attarde dans les rues de Chabeuil ! A te lire, on a l'impression que l'on peut tomber nez à nez avec l'un de tes ancêtres au détour d'une rue.
RépondreSupprimerDésolé, j'étais en anonyme ! Bonne année 2023 !
Supprimermerci Sébastien pour cette sympathique réaction
SupprimerSuperbe mise en scène pour poser le décor et l'époque ! Hâte de lire tes personnages prendre vie au milieu de tout cela. Bonne route !
RépondreSupprimerEnvie d'une visite à Chabeuil ?
RépondreSupprimerBien agréable visite historique de Chabeuil.
RépondreSupprimer