Allez en piste pour découvrir le savoir-faire de Jean-Baptiste Parmier à l’occasion du généathème de mai suggéré par Sophie de la Gazette des Ancêtres sur les métiers d’arts, et merci au passage au notaire qui a mentionné sa profession ! Cet ancêtre à la 9ème génération était bâtier en Haute Maurienne en Savoie dans le village du Bourget, tout comme son père Dominique Parmier dit maître-bastier et peut-être son grand-père.
Jean-Baptiste fils aîné de Dominique Parmier et Constance Buisson est baptisé dans l’église du Bourget le 1er juillet 1683, où ses parents s’étaient mariés en 1678, il grandit avec ses frères Martin et Barthélemy, et ses sœurs Marguerite, Anne-Marie et Dominique. A chaque union de la fratrie, le notaire est convoqué par Dominique le père : de la lecture en perspective.
Jean-Baptiste, jeune veuf d’Anastasie Charvoz, s’est remarié en 1711 avec Marie Ratel mon ancêtre et la signature du contrat a fait l’objet d’un précédent billet : plusieurs robes pour Marie Ratel
Dans ce village à plus de 1100 mètres d’altitude, et cette vallée de montagne sur la route du Mont-Cenis, mon ancêtre exerçait un très ancien métier nécessitant doigté et minutie pour équiper un animal de trait : âne ou mulet voire cheval parfois.
En tentant de cerner le savoir-faire de Jean-Baptiste Parmier, j’ai découvert la diversité des bâts dits : à boutonner, français ou à fausses-gouttières, d’Auvergne ou de mulet ! Pas moins …
Traditionnellement fabriqué en bois, le bât est monté sur deux arçons dont la forme épouse le dos de l'animal qui est protégé par deux coussins de paille entourés de toile. Le bât est fixé grâce à une sangle de cuir ajustable serrée sous son ventre . Deux autres sangles passant sous la queue et le cou servent à éviter le glissement du bât et de la charge vers l'avant ou l'arrière.
La dimension du bât doit s'adapter de façon précise au dos de l'animal et en fait chaque animal a son bât particulier, souvent non interchangeable, pour ne pas créer de plaie. De même l'angle d'ouverture, la précision du sanglage, le dispositif de matelassage sont destinés à éviter les blessures par frottement.
Dans la pièce qui lui sert d’atelier, il détient comme matériaux principaux des peaux de mouton et de veau, des cuirs provenant du village voisin d’Avrieux, de la toile forte tissée dans les alentours. Il a des bourres pour matelasser certaines pièces de paille de seigle ou de bourre de mouton « dite blanche » enlevée par les tanneurs sur les peaux qu’ils vont apprêter, et évidemment du bois matière de base du bât ou les attelles du collier.
De même, il a disposé dans des paniers, ou des boites en sapin, divers matériaux secondaires : du crin, de la laine en gros écheveaux, du fil gros, du fil blanc, de la ficelle, des clous de différentes sortes produits plus bas dans la vallée, des boucles pour les mors, et aussi de la colle.
Tout bâtier qui se respecte veille à garder son atelier sec et bien aéré, en renouvelant l’air en raison des odeurs des bourres et des cuirs, et en s’éclairant avec une lampe – un créju ici en Savoie – et non pas avec des chandelles à cause de la paille employée.
Dans les outils spécifiques, il convient d’avoir sous la main des pinces de bois dont les mâchoires tiennent les peaux lors de la confection des coutures avec des aiguilles dénommées alènes, des couteaux à pied pour couper le cuir, des rembourroirs, marteaux ou poinçons et bien d’autres outils mystérieux pour tout quidam du vingt-et-unième siècle.
Dans l’atelier, posés sur le sol : une forme composée de deux gros morceaux de bois qui sert pour les harnais communs, et un billot, sans oublier une table.
Loin de moi l’idée, et l’aptitude à détailler l’art du bâtier-bourrelier : seul un long apprentissage permet de maîtriser toutes étapes de la confection d’un bât et ses accessoires ainsi que sa finition. Couper les peaux pour faire le collier, préparer des bandes de cuir pour faire des courroies, percer des trous avec une alène, préparer le fil qui est ciré avec de la poix, maîtriser les différents points pour que les peaux soient piquées correctement, sans négliger les modalités de rembourrage,
Ce fût une découverte lorsque je me suis plongée – et un peu perdue – dans le métier de Jean-Baptiste Parmier qui œuvrait pour des marchands, deux d’entre eux furent témoins lors de la signature de son contrat de mariage. Pour ces marchands il convenait de prévoir une selle confortable mais aussi un solide dispositif pour permettre le port de lourdes charge – ballots ou malles – lié au commerce muletier.
Fabrication certes, mais aussi réparations de certains éléments du bât, et dépannages de voyageurs car les routes étroites, caillouteuses et pentues mettaient à mal le matériel et les hommes !
Modeste ébauche d’un métier qui nécessite un long apprentissage, l’amour du travail bien fait, de l’organisation, de la précision pour ajuster en fonction du gabarit de l’animal, et des souhaits et besoins du client. Je ne sais si au détour d’un registre du Tabellion de Savoie on peut croiser un acquis pour prix fait…
Sources
CNUM Conservatoire Numérique des Arts et Métiers
Très intéressant ! Voilà un métier que je n'ai jamais croisé dans mon arbre et que je ne connaissais pas, merci Fanny!
RépondreSupprimerTout comme Christelle, je découvre ce métier ! Merci pour cette découverte que tu nous proposes dans ce bel article qui montre l'importance du travail bien fait.
RépondreSupprimerEt bien moi aussi, je découvre ce métier ! Un billet très instructif et agréable à lire. Bravo et merci
RépondreSupprimerMais comment l'association d'une brave bête et d'un beau métier dont je ne connaissais pas le nom avant de lire cet article a-t-elle donné l'expression âne bâté ?
RépondreSupprimerChez nous en Provence, on dit bastier. Je suis contente de lire toutes ces explications sur ce métier indispensable aux muletiers.
RépondreSupprimerComme la majorité, je ne connaissais pas ce métier. Merci pour cette découverte !
RépondreSupprimerSuperbe article ... Un métier que je ne connaissais pas
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