En ce mois de février 1841 je me retrouve face à un dilemme : rencontrer Claude CLEMENT sosa 58 un de mes aïeul drômois qui est candidat pour le rendez-vous ancestral mensuel. Sauf que… le train n’arrive pas à Valence à cette époque, je n’ai pas envie d’utiliser la voie d’eau par le Rhône car l’année précédente un bateau a sombré et la route royale n’est pas réparée suite aux récentes et importantes inondations. Vous comprenez aisément pourquoi j’ai opté pour la voie postale, Montmeyran étant desservi par le facteur rural…
Cher Claude et lointain grand-père,
Une petite voix me laisse entendre que vous ne serez pas étonné qu’une étrange personne se soit prise d’une curieuse lubie de découvrir ses ancêtres et de vous rencontrer, soit-dit en passant elle n’est pas la seule chaque troisième samedi du mois. Votre fille Catherine ou votre gendre vous ont sûrement touché un mot sur ma précédente rencontre avec Jacques ARNOUX cultivateur tout comme vous. ICI
Votre silhouette et celles de vos proches me sont devenues familières quoiqu’un peu floues parfois, et notre collaboration remonte à plus de cinq années. A ce stade je vous imagine passant votre main dans votre moustache…
Votre silhouette et celles de vos proches me sont devenues familières quoiqu’un peu floues parfois, et notre collaboration remonte à plus de cinq années. A ce stade je vous imagine passant votre main dans votre moustache…
Tout d’abord, sachez que j’ai sauté de joie en débusquant votre acte de baptême du 2 octobre 1779 signé par le Pasteur Marcel sur le registre protestant de La Baume Cornillane. Petit enfant de 3 jours né à Montmeyran, fils d’un autre Claude CLEMENT et de Marie Magdeleine Louise VINCENT, vous avez pour parrain votre grand-père maternel Claude VINCENT et pour marraine votre grand-mère maternelle Louise ROLLAND du lieu de Beaufort en Diois.
Tout d’un coup je découvrais les signatures de vos aïeux et la vallée de la Gervanne autre berceau de votre lignée. Dans la Drôme, votre grand-mère Louise est la première femme dont le paraphe m’est connu, femme du mitan du 18ème siècle.
AD 26 BMS La Baume Cornillane |
Là, songeur vous acquiescez de la tête.
Heureusement que je ne me suis pas évertuée à décoder le mauvais registre pas très bien tenu par le Curé du mandement de Montmeyran, sachant qu’à cette époque vos parents et alliés s’abstenaient de cérémonies à l’Eglise et préféraient une bénédiction de mariage ou un baptême par un Pasteur lors d’une assemblée dite « du Désert ».
Là mon cher Claude je vous entends me murmurer : évidemment !
Ensuite, sachez que j’ai passablement écarquillé les yeux pour lire votre acte de mariage civil du 19 mai 1806 dans de plusieurs tons de gris pas particulièrement attirants. Sous le Premier Empire à Montmeyran, vous épousez Catherine SAYN sosa 59 fille de Jean SAYN et de défunte Jeanne RAGIER. Ne me dîtes pas que cette union était pour échapper à la conscription et éviter d’être soldat car à 25 et 29 ans vous aviez raison tous deux de fonder un foyer.
Puis, je vous ai entr’aperçu passer dans le centre du village devant l’arbre de la liberté, pour récupérer en vitesse Pierre Fauchier maréchal, et Antoine Veron agriculteur vos inamovibles témoins. Ensuite, fièrement vous déclarez à l’officier d’état-civil la naissance de vos six enfants qui s’échelonnent entre 1807 et 1820 : trois filles dont « ma » Catherine mariée à Pierre ARNOUX et trois fils. J’ai appris que votre fils Claude est cultivateur comme vous et Jean-Pierre cordonnier.
A ce stade, vous marquerez certainement une pause dans la lecture de ma missive, porterez votre regard sur Catherine votre épouse qui rajoute une bûche dans la cheminée ; peut-être est-elle inquiète, s’interrogeant sur son contenu ?
Rassurez-vous tous deux, je suis juste un peu curieuse, voire malhabile à m’exprimer.
Rassurez-vous tous deux, je suis juste un peu curieuse, voire malhabile à m’exprimer.
Je me suis laissée dire que plusieurs villages autour de Valence, dont le vôtre, produisaient beaucoup de fourrages ce qui facilite les approvisionnements des chevaux de la malle-poste et des cavaliers de la grande route. Peut-être avez-vous introduit de nouvelles plantes fourragères comme suggéré par les agronomes ? Prairies naturelles et artificielles jouxtent donc les champs de céréales dans votre belle plaine, où nombreux sont les mûriers pour la culture du vers à soie.
Au fait lors du mariage de votre fille Catherine avec Pierre ARNOUX en 1836 vous vous déclarez marchand de bestiaux, alors que les autres fois vous mentionnez cultivateur. Les deux activités peuvent se concevoir avec les quatre foires qui se tiennent chaque année à Montmeyran.
Le bourg est certainement très animé avec toutes ces transactions agricoles, les gens qui viennent en famille des campagnes environnantes, ou plus loin des montagnes du Vercors. Est-il vrai que des habitants se déplacent depuis l’Ardèche, le Rhône ou le Vaucluse pour échanger des denrées et des bestiaux, de même vos chevaux proviennent-ils du Cantal, ou vos mulets du Poitou comme je l’ai lu dans un rapport ?
Là cette fois, vous levez les bras au ciel, et marmonnez : comment lui répondre ?
Finalement, si vous ne voyez pas d’inconvénient, et si vous avez un peu de temps à me consacrer, je crois que je vais me déplacer aux beaux jours pour échanger sur votre quotidien et votre lieu de vie. Allez une dernière question : votre maison est-elle celle qui figure sur le cadastre avec la mention « Clément » un peu à l’écart d’autres bâtiments ?
Acceptez tous l’expression de mon profond respect et attachement.
Le bourg est certainement très animé avec toutes ces transactions agricoles, les gens qui viennent en famille des campagnes environnantes, ou plus loin des montagnes du Vercors. Est-il vrai que des habitants se déplacent depuis l’Ardèche, le Rhône ou le Vaucluse pour échanger des denrées et des bestiaux, de même vos chevaux proviennent-ils du Cantal, ou vos mulets du Poitou comme je l’ai lu dans un rapport ?
Là cette fois, vous levez les bras au ciel, et marmonnez : comment lui répondre ?
AD 26 Cadastre 1820 Montmeyran extrait |
Acceptez tous l’expression de mon profond respect et attachement.
Echange imaginé
mais personnes ayant vécues
dans le village de Montmeyran
selon les principes du RDVAncestral
Ah, ces protestants drômois, ils génèrent bien des questions !
RépondreSupprimerJ'imagine la tête de Clément quand il reçoit ta missive ! On est quand même gonflé de leur poser toutes ces questions ;=)
RépondreSupprimerJ'espère bien que Claude Clément réponde parce que du coup, j'ai envie de connaître les réponses aux questions...
RépondreSupprimerEmporté par ta lettre et tout aussi impatient de savoir s'il va te répondre un jour !
RépondreSupprimerTrès sympa ce format pour un rendez-vous ancestral !! On imagine bien les réactions de Claude Clément ! Vivement la rencontre ;)
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