samedi 19 décembre 2020

Des signatures et des êtres

Brefs instants saisis au détour d’actes rédigés par le prêtre du lieu, à l’issue d’une cérémonie : les imaginer en train de tremper la plume dans l’encre, prendre juste ce qui est nécessaire du sombre liquide, hésiter faute de pratique, ou en habitué négligemment reproduire son paraphe. 

Sentez l’odeur de l’encre, entendez le crissement de la plume sur le grain du papier du registre ! Appliquez-vous, concentrez-vous : ce sera autant de rencontres avec des ancêtres ou des collatéraux : des signatures mais, et surtout, des êtres. 




Souvenez-vous du jour heureux à Aubenton en 1669 où Catherine Gérard a signé son acte de mariage avec Gobert Brugnon ? Jacques Gérard son père était présent ému, peut-être, à la voir partir vers un nouveau destin dans un autre village Watigny, toujours en Thiérache. 

Dans cette même église de pierres, Jacques Gérard lors d’autres jours heureux est intervenu au mariage de son neveu fils de son frère Gilles, ou comme grand-père lors de l’union de sa petite-fille Antoinette Gallois, autant de moments dérobés avec lui, avec eux tous. 

Jours plus sombres et de peine en 1675, lorsque Jean Gérard est témoin lors de l’inhumation de Marguerite Paroisse son épouse, de sa belle-sœur Jeanne Paroisse et de son gendre Antoine Gallois. Que le prêtre soit ici remercié de sa précision sur la parenté des témoins, qui comble des années lacunaires, et de sa vigilance à recueillir les signatures. 

Jours heureux dans l’église de briques de Watigny où au fil des ans furent baptisés les 6 enfants de Gobert Brugnon, maréchal, mis au monde par Catherine Gérard entre 1670 et 1686. 

Lors de ma traque aux indices, chère Catherine j’ai croisé - dans votre nouvelle paroisse - à l’occasion de ces baptêmes : Françoise Gérard votre sœur ou Catherine votre nièce fille de votre frère Jean Gérard le menuisier et Jacques tous venus d’Aubenton, mais aussi votre frère Nicolas Gérard installé à Charleroi en Hainaut. 

Brefs instantanés qui nous relient avec la chaîne des générations : grâce à eux l’entourage d’aïeux se précise, des liens apparaissent entre les êtres, entre les lieux, leurs joies ou projets, leurs peines ou espérances. 

Promis à l’occasion j’irai recueillir les confidences de Catherine et celles de Gobert le maréchal. 


Retrouver Catherine Gérard et Gobert Brugnon



Gobert Brugnon sosa 1750 ca 1642-1700 fils de Jean 
x 1669 Catherine Gérard sosa 1751 ca 1646-1700 
fille de Jacques et Marguerite Paroisse

6 enfants dont
  Jeanne Brugnon sosa 875
x 1701 Pierre Dru sosa 874


samedi 5 décembre 2020

Un vieillard au pied du chêne

Au hasard d’une recherche dans la presse ancienne, ciblée sur Barisis village de mes ancêtres, un bref entrefilet du Journal de Saint-Quentin et de l’Aisne du 30 novembre 1897 mentionne : 

« On a retrouvé vendredi, vers 9 heures du soir, dans le bois de Barisis, à proximité de la route qui conduit d’Amigny-Rouy à la fabrique de sucre de Barisis, le cadavre d’un vieillard de cette commune, nommé Cochet. 

On suppose que ce pauvre homme, qui était allé ramasser du crottin, aura été saisi par le froid, et qu’il sera allé s’asseoir au pied du chêne où son fils, qui s’étonnait de de ne pas le voir rentrer, et M. Vivet garde-champêtre, l’ont finalement découvert. »



Un petit tour dans le registre d’Etat-Civil de la commune permet de dénicher l’acte de décès de Jean-Baptiste Cochet du 27 novembre 1897 : son fils Henry Auguste Cochet âgé de 50 ans, manouvrier de son état, s’est rendu à la mairie pour la déclaration, accompagné de Florimond Vivet le garde-champêtre. 

Le défunt est mentionné avoir été examiné par un médecin et s’être éteint en sa demeure à 9 heures du soir. Comme un léger décalage sur le lieu de décès entre le journal et l’acte, toujours est-il Jean-Baptiste Cochet a été saisi par le froid un jour de novembre à l’extérieur de chez lui. 

Il était fils d’un autre Jean-Baptiste Cochet et de Catherine Courty et veuf de Rosalie Bleuet : et me voilà chercher son union et, autre découverte, car cette dernière est une lointaine collatérale, mon arbre s’est donc étoffé avec cet entrefilet sur le nommé Cochet.


Sur le thème de la presse



Sources 
AD 02 Barisis EC 
Retronews 
Le Journal de St-Quentin et de l'Aisne