samedi 18 novembre 2017

Dépoussiérer Marie Catherine Rossignol

Sapristi, on y voit goutte, tout est gris, gris bleuté, gris laiteux aussi, et une très forte odeur de poussière. Je manque d’être déséquilibrée par une faible marche sur laquelle traine un vieux registre.

Ledit registre est entièrement recouvert d’une toile d’araignée figée sous une couche de poussière de plusieurs siècles. Je ne peux m’empêcher de ramasser ce document, éternue bien sûr, d’autant que j’ai passé la main sur la couverture. Nouvel éternuement, je lis Barisis aux Bois …… Voilà c’est la destination de mon rendez-vous mensuel avec mes ancêtres.
 
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Je suis en terre du Laonnois, en l’an 1770, à Barisis aux Bois, dans un lieu à la fonction pas vraiment définie, où les teintes de bruns dominent. Soudain  un halo de lumière illumine une table où sont posés des registres et Marie Catherine ROSSIGNOL (SOSA 819) sort de l’ombre.
 
Cette silhouette détachée de la ronde de mes ancêtres me fait signe.  Je pressens qu’elle est disposée à murmurer ses secrets, chuchoter sa vie dans un village entouré de forêts.
 
Petit sourire de part et d’autre, puis  je salue ma Grand-mère.
« Bonjour ma petite, je suppose que tu es une de mes descendantes. Tiens lis donc, puisque ce livre de M. le Curé est ouvert ! »
 
« C’est votre acte de baptême Grand-Mère, vous avez été tenue sur les fonts baptismaux le jour de votre naissance le 13 septembre 1703, il y a 67 ans maintenant. Vos parents Jean ROSSIGNOL et Marie PIERPONT ont choisi des proches pour parrain et  marraine : Simon Rossignol et Anne Pierpont. »
«  Tiens, je ne m'en souvenais pas ! »
 
Comme un courant d’air dans la pièce, et les pages du registre tournent toutes seules. Elles se sont arrêtées sur la célébration du mariage le 14 mai 1720 de Charles TELLIER (SOSA 818) laboureur, fils d’un autre Charles et de Barbe BALE avec Marie-Catherine  ROSSIGNOL. La mariée n’avait pas encore soufflé ses 17 bougies, elle avait seulement sa mère. Les parents du marié étaient présents, de même qu’un oncle et son frère : Raphaël et Jean Rossignol.
 
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File le temps, passent les saisons.
J’entends ; «  oh j’ai eu d’abord que des filles Marie-Thérèse, Marie-Elisabeth, Marie-Magdeleine, Marie-Catherine, et aussi Marie-Marguerite. »
«  Vous savez Marie-Marguerite est également ma grand-mère ! »

« Et  puis j’ai eu enfin un fils Jean-Charles, mais mon pauvre mari avait été porté en terre avant, le petiot n’a pas connu son père. »
 
C’était alors en 1734 : il lui a fallu du courage à Marie-Catherine ROSSIGNOL et de la volonté pour élever ses enfants. Vraisemblablement sa famille a dû l’aider, y compris pour les terres.
 
Autre courant d’air dans la pièce, les pages du registre se soulèvent et s’arrêtent sur le remariage de ma Grand-Mère  - 10 ans plus tard -  le 6 septembre 1744 avec Jacques BLEUET un laboureur, veuf lui aussi depuis un certain temps.
 
Les mariés ont-ils voulu rompre leur solitude respective, avaient-ils du « sentiment ». Sauf que ? « Ne me regarde pas comme çà et ne compte pas sur tes doigts : oui notre fille Marie-Catherine BLEUET est née 5 mois après …en février 1745. »
 
Famille recomposée, Marie-Catherine et son second mari chemineront ensemble 15 ans jusqu’en 1760. A nouveau veuve, ma Grand-mère dû veiller à l’établissement de son seul fils Jean Charles, sa promise fût dénichée dans un village voisin à peu plus d’une lieue.
 
On parle de la pluie, du beau temps, des dernières récoltes, de l’hiver déjà installé. Je lui apprends le mariage, en cette année 1770, du Roi Louis XVI et de Marie Antoinette d’Autriche. Marie-Catherine me demande dans quelle province je demeure. Pourvu qu’elle ne me questionne pas sur le souverain qui règne à mon époque.
 
Je me dis qu’elle a entre autre  côtoyé dans son village Jean DAUBENTON garde-vente et aussi Jean MARLOT charron qui sont mes ancêtres.  Belle personne que j’imagine volontaire, et solide, car elle abandonnera ses cinq enfants mariés et sa quinzaine de petits-enfants à seulement 80 ans en 1784.

Marie-Catherine, ma grand-mère à la 10e génération, me demande de la raccompagner à son logis. En novembre tout est gris, tout peut être poussiéreux. Nous disparaissons…



Marie Catherine ROSSIGNOL (SOSA 819) 1703-1784
mariée en 1720 avec Charles TELLIER (SOSA 818) ca 1699-1734
mariée en 1754 avec Jacques BLEUET 1697-1760

- Marie-Thérèse Tellier 1722- ? mariée à Nicolas Philibert Léchevin
- Marie-Elisabeth Tellier 1724-? mariée à Louis Demilly
- Marie-Magdeleine Tellier 1726-?
- Marie-Catherine Tellier 1728-1737
- Jean-Charles Tellier 1731-?
- Marie-Marguerite TELLIER (SOSA 409) 1732-1791 mariée à Antoine Jérôme LEFORT (SOSA 408) ca 1730- ca 1782
- Jean Charles Tellier 1734-<1789 marié à Marie-Jeanne Prévôt
- Marie-Catherine Bleuet 1745 -1812 mariée à Pierre Bruïer



Un autre portrait d'une aïeule :


Sources
Archives Départementales de l'Aisne
BMS Barisis aux Bois et Amigny-Rouy

3 commentaires:

  1. Elle a beaucoup de charme cette poussière, même si elle pique un peu les yeux.

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  2. J'aimerai bien parler si tranquillement avec l'une de mes si lointaines ancêtres.

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  3. Grand-mère à poussière c'est le surnom de notre mamie. Beau voyage dans le temps

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